Monaco-Matin

Jugé pour menaces en prison, le détenu irascible est évacué

- C. C.

« Justice à deux vitesses ! » Omar H. vocifère, alors que deux policiers l’évacuent de la salle d’audience. Trop nerveux, trop provocateu­r, ce prévenu de 31 ans a suscité une suspension d’audience hier à Nice. Entre son attitude et l’agitation de ses proches, avocats et magistrats ont toutes les peines du monde à poursuivre les débats. Si bien que Christian Mour, le président du tribunal, décide de faire sortir tout ce petit comité de soutien. Agité, Omar H. l’est aussi à la maison d’arrêt de Nice. Avec déjà 18 mentions à son casier judiciaire, il a été incarcéré le 15 juillet, mis en examen pour une tentative de meurtre qu’il conteste. Le voilà jugé en correction­nelle pour outrages et menaces de mort contre deux agents pénitentia­ires niçois.

Le billet de la discorde

« Qu’est-ce que t’as, sale gouine ? Grosse sal... ! J’ai pris 20 ans, je vais ten…!» , aurait-il lancé à une surveillan­te. « Fils de p…, c’est de ta faute! Tu vas voir », aurait-il envoyé à son collègue. Les deux agents victimes sont là, face à lui, stoïques. La scène évoquée reflète les conditions de travail souvent éprouvante­s des surveillan­ts, à l’ombre des prisons. Cette fois-ci, l’incident a pour origine un billet de 50 euros. Omar H. assure l’avoir trouvé dans sa poche, passé au travers de la fouille. Il a refusé de le rendre aux surveillan­ts, exigeant de le remettre à leur chef. Les agents ont insisté ; Omar a tenté d’avaler le billet. Ils ont dû le maîtriser pour l’en empêcher. « Avec la force strictemen­t nécessaire », précise la surveillan­te. Sur la route du quartier disciplina­ire, le détenu irascible en aurait remis une couche. « Il a exprimé des menaces de mort, disant que sa femme allait me faire tuer », explique l’agent. Omar H. n’hésite pas à l’interpelle­r par son prénom, à l’affubler d’un ironique « Superman », reconnaît les outrages mais réfute les menaces. « Oui, je l’ai insultée, mais pas pour rien ! Seulement ma parole, elle vaut rien. Vous êtes blanche, agent de l’administra­tion pénitentia­ire et moi, un petit arabe de la France de seconde zone... » Ses vociférati­ons répétées obligent le tribunal à l’évacuer. « J’avais demandé une expertise psychiatri­que. Au vu de ce qui s’est passé, ça n’aurait pas été du luxe! », peste son avocat, Me Daniel Tamisier, dépité. Le procureur Alain Octuvon-Bazile requiert six mois de prison. Omar H. revient dans le box pour écouter la sentence : quatre mois ferme. Il gratifie l’assistance de quelques éclats de voix pour finir.

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