La Pologne dénonce “l’arrogance” de Macron
Le chef de l’Etat français avait accusé Varsovie de se mettre « en marge de l’Europe » en refusant de réformer le statut des travailleurs détachés
Après l’Autriche mercredi, et la Roumanie jeudi, Emmanuel Macron a achevé, hier, sa tournée en Europe de l’Est destinée à rallier les soutiens pour une réforme de la directive européenne sur le travail détaché. Présent en Bulgarie pour la dernière étape de son voyage, le président a profité d’une conférence de presse au côté de son homologue bulgare, Roumen Radev, pour critiquer violemment l’attitude de la Première ministre polonaise Beata Szydlo, qui a réaffirmé, jeudi, que Varsovie refuserait « jusqu’au bout » une réforme de la directive, « dans l’intérêt des travailleurs polonais ». C’est « une nouvelle erreur » de Varsovie, a déclaré le président français, pour qui le gouvernement polonais, par son attitude, bafoue les valeurs européennes et isole le pays au sein de l’Union européenne. La Pologne « se met en marge » et « décide d’aller à l’encontre des intérêts européens sur de nombreux sujets. Le peuple polonais mérite mieux que cela et la Première ministre aura beaucoup de mal à expliquer qu’il est bon de mal payer les Polonais », a poursuivi Emmanuel Macron. « L’Europe s’est construite pour créer de la convergence, c’est le sens même des fonds structurels que touche la Pologne », a-t-il averti.
La Pologne “a décidé de s’isoler”
« L’Europe s’est également construite sur des libertés publiques qu’enfreint aujourd’hui la Pologne », a-t-il ajouté, faisant référence à la réforme du système judiciaire très controversée engagée par le gouvernement conservateur polonais en juillet dernier. Cet État « a décidé de s’isoler », juge-til. La réponse de Varsovie a été cinglante. « L’arrogance » d’Emmanuel Macron « est sans doute due à son inexpérience », a lancé, hier aprèsmidi, la Première ministre Beata Szydlo, ajoutant que le chef de l’État français ne pourra décider seul de l’avenir de l’Europe. « Je conseille à M. le P résident qu’il s’occupe des affaires de son pays, il réussira alors peut être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne », a encore lancé Mme Szydlo, rappelant également « à M. Macron que la Pologne est membre de l’Union européenne au même titre que la France ». « La Pologne n’est pas isolée. Nous accueillons aujourd’hui une réunion importante, le Président Macron ne suit donc pas attentivement les informations », avait affirmé plus tôt son chef de la diplomatie Witold Waszczykowski, s’adressant à la presse en compagnie de ses homologues roumain et turc, et du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. Malgré l’hostilité de la Pologne à toute tentative de réforme, Emmanuel Macron reste persuadé qu’un accord sera trouvé avant la fin de l’année sur la directive des travailleurs détachés. «Jene crains pas que cela fragilise la construction d’un compromis ambitieux et positif, au contraire », a-t-il déclaré. Le Président français s’est dit ainsi convaincu que la France réussirait à obtenir la majorité qualifiée nécessaire pour réformer et durcir cette directive afin de lutter contre le dumping social.