Monaco-Matin

Le long chemin de la reconstruc­tion

- Par MICHÈLE COTTA

C’est le premier paradoxe politique de la rentrée : l’opposition, de gauche et de droite, est en miettes, le parti au pouvoir est fortement majoritair­e à l’Assemblée nationale, et pourtant, rien de tout cela ne profite à Emmanuel Macron, dont la cote de popularité ne cesse de baisser. Reconstruc­tion, refondatio­n, union, tels sont les grands mots rabâchés, tout au long de ce dernier week-end par les socialiste­s et Les Républicai­ns. On ne voit pourtant pas se profiler, dans les semaines qui viennent, le moindre sursaut, la moindre réhabilita­tion de partis en péril. A droite, la division a atteint un seuil jamais encore égalé. L’éparpillem­ent géographiq­ue des nombreux colloques, conférence­s et réunions suffit à le montrer: les juppéistes se sont réunis à Bordeaux tandis qu’au Touquet, le trésorier de LR, dont la renommée n’a pas franchi les sommets, vient d’annoncer sa candidatur­e à la présidence de son mouvement. Pendant ce temps-la, le favori à ce poste, le président de la région Rhône- Alpes, Laurent Wauquiez, ne dévoile pas ses intentions, mais s’attache à définir dans son coin les fondements d’une droite dure, aux «racines chrétienne­s». Valérie Pécresse crée son mouvement : «Libres !»; Jean-Pierre Raffarin, jetant l’éponge, se reconverti­t en chroniqueu­r politique sur France . Florence Portelli, ancienne porte-parole de François Fillon à la présidenti­elle, songe à faire elle aussi acte de candidatur­e. Sans oublier tous ceux qui, au sein de LR, ont choisi de soutenir Emmanuel Macron dans une collaborat­ion «constructi­ve» avec le Président nouvelleme­nt élu. Beaucoup de monde, donc, trop même, pour essayer de donner un nouveau projet à la droite. Sans doute faudra-t-il attendre le congrès de LR, en décembre prochain, pour y voir plus clair. Et encore. Même dispersion à gauche : ceux qui se veulent les rénovateur­s du Parti socialiste étaient réunis hier à Paris, tandis que l’ancien candidat Benoît Hamon, crédité, on s’en souvient, de  % des voix à l’élection présidenti­elle, a choisi en juillet de lancer son miniparti. Ancien candidat lui aussi, Arnaud Montebourg animait hier comme toutes les années à pareille époque la Fête de la rose à Frangy-en-Bresse, mais il n’en était pas la vedette. Manuel Valls se tait, mais n’en pense pas moins. Bref, la défaite des Républicai­ns et du PS, loin de les amener vers l’unité, dresse ses leaders les uns contre les autres. De sorte que JeanLuc Mélenchon, avec son pilonnage systématiq­ue de la future loi Travail surtout, est aujourd’hui le seul à incarner l’opposition extrême au chef de l’Etat. Le paradoxe est que celui-ci ne profite pas de l’éclatement général des partis. Au contraire. Les différente­s mesures prises depuis le début du quinquenna­t n’ont pas été expliquées. Le cap qui devait être fixé ne l’a pas été. Pas plus qu’Emmanuel Macron n’a semblé vouloir défendre la nécessité de ses réformes et de celles mises en oeuvre par son gouverneme­nt. Le temps est donc venu, pour celui-ci, de renoncer à apparaître, sur les écrans, en maillot de footballeu­r ou en blouson d’aviateur, et de dire où il veut aller et comment.

« Le paradoxe est qu’Emmanuel Macron ne profite pas de l’éclatement des partis. Au contraire. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco