Les marcheurs en danger
L’homo sapiens du prochain millésime sera visible dès la rentrée de septembre dans tous les espaces improprement dénommés urbains alors que la mauvaise éducation y sévit. On le reconnaîtra d’abord à sa montre-ordinateur sur le cadran de laquelle il lira les journaux, mesurera son rythme cardiaque et jouera au poker en ligne. Doté d’un système pileux laissé soigneusement en friche et vêtu de fripes richement trouées par le fabricant, il désertera de plus en plus les trottoirs et pas seulement par peur des fous de Dieu ou des malades mentaux. Car, depuis la pénalisation des clients, les demoiselles ayant beaucoup roulé sont remplacées par des engins à roulettes de plus en plus rapides et donc de plus en plus dangereux. Au grand dam des familles, des vieillards et des handicapés. Les compagnies d’assurance peinent déjà à indemniser les marcheurs victimes des trottinettes électriques, des monoroues conduits debout, des skateboards pilotés avec une télécommande et des hoverboards pouvant dépasser les kilomètres à l’heure mais dont la batterie prend feu facilement sur les modèles chinois bas de gamme. Faudra-t-il aménager des couloirs pédestres à l’instar des pistes cyclables ? Ou conseiller d’emprunter de préférence la chaussée sur laquelle, sous prétexte de pollution, de moins en moins de véhicule à moteur seront
admis à circuler ?