Monaco-Matin

Plus Marianne que Mireille

- de Patrice Maggio

Mireille Darc monte au petit paradis des Moccots par l’entrée des artistes. Une entrée qui ressemble à la porte de l’Arsenal. En la traversant avant elle, Félix Mayol, Jules Raimu ou Gilbert Bécaud ont esquissé un dernier pas de danse avant de se fondre dans l’éternité. Toulonnais­e, oui, mais loin, très loin du cinéma de Pagnol. Cette Mireille-là n’est pas celle des félibres et de Frédéric Mistral. Plus Marianne que Mireille, elle incarne à l’écran comme dans la vie, une image glamour de la Française époque seventies, de la femme moderne des Trente glorieuses. Elle est la plus belle des fausses ingénues, à ne surtout pas confondre avec les ravissante­s idiotes. Objet de tous les fantasmes, oui, mais jamais femme objet. Les vieux «Barbouzes» se laissent berner dès  – elle n’a que  ans – Pierre Richard, grand blond avec une chaussure noire, en tombe à la renverse, huit ans plus tard, quand elle tourne le dos aux convention­s dans une petite robe noire signée Guy Laroche. Ses formes épousent alors les statistiqu­es de l’économie nationale: elles font rêver. Krachs pétroliers, chômage: la France a ensuite connu quelques soucis. Mireille Darc aussi. Beaucoup d’accidents de la vie. Coeur qui lâche, corps abîmé, coeur brisé. Toujours, elle s’est relevée, parce qu’elle avait acquis cette capacité à «dédramatis­er les choses», au cours de cette vie hors-norme qui lui a donné le goût de l’humain, le sens de l’engagement. Qui était-elle vraiment? Une femme à l’écoute, ouverte aux autres, libre, surtout. Pour mieux la cerner, il faut revoir ses documentai­res, sur le pardon ou le cancer qui fonctionne­nt depuis  ans comme un jeu de miroirs fidèle. Le reflet de toute une époque.

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