Monaco-Matin

Ils racontent « leur » Mireille

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN GRASSET

Alain Doutey, le père de l’actrice Mélanie Doutey, se souvient de Mireille Darc dont il jouait le mari dans Les Coeurs brûlés, la série télévisée de TF1 en 1992, produite par Pierre Grimblat (Navarro, L’Instit ):« Elle était comme un petit soldat.

« Je ne la connaissai­s pas jusqu’au jour où le réalisateu­r Jean Sagols, qui voulait des distributi­ons brillantes – il avait dirigé Annie Girardot, Jacques Dufilho notamment – a eu l’idée de prendre Mireille Darc pour Les Coeurs brûlés . Elle a donné très vite son accord. Je me suis donc retrouvé dans le Var, du côté du Lavandou en particulie­r, pour interpréte­r le rôle d’un banquier amoureux du personnage qu’elle incarnait. Pour moi, Mireille, c’était une lumière. Drôle, généreuse. Sur le plateau, elle était comme un petit soldat. Elle n’arrêtait pas de travailler. On a tourné les deux sagas (Les Yeux d’Hélène, la suite des Coeurs brûlés) à chaque fois pendant six mois. On bossait dur, mais c’était incroyable­ment festif avec Michel Duchaussoy, Pierre Vaneck, Pierre Cosso, entre autres. On rigolait beaucoup. À l’époque, Mireille était l’une des premières stars de cinéma qui osait faire de la télévision. Le public était très surpris de la voir au petit écran. Ça a cartonné puisqu’on faisait 10 millions de spectateur­s à chaque épisode sur TF1. Elle a d’ailleurs continué avec Terre indigo. J’ai découvert à l’époque une femme d’une rare générosité et qui aimait les gens. C’était une bonne personne. Quelqu’un de discret, qui respectait les autres. Une femme aussi très intelligen­te. Très fragile après son terrible accident de voiture en Suisse, en 1980. Deux ans avant les événements de Mai 68, Mireille avait écrit Galia avec Georges Lautner qui racontait l’histoire d’une femme libérée. Le film avait fait un boum extraordin­aire. » Pour Anthony Delon, elle était « sa seconde mère ». Il parle de Mireille Darc comme d’« un catalyseur d’amour ».

Trois femmes ont compté dans la vie d’Alain Delon: Romy Schneider, Nathalie Delon et Mireille Darc. À peine sorti de son idylle avec l’interprète de Sissi, Delon rencontre à Saint-Germaindes-Prés, Nathalie Barthélémy, 24 ans, une belle blonde. Ils se marient le 13 août 1964. La jeune cover-girl est enceinte. Ils deviennent les parents d’Anthony, né à Hollywood, le 30 septembre suivant. Mais le 14 février 1969, le divorce du couple Delon est prononcé. Aux torts réciproque­s. «L’échec le plus important de ma vie, c’est sûrement mon divorce car il n’engage pas seulement moi mais aussi mon fils. » Mais le Samouraï est un redoutable séducteur. En 1968, Mireille Darc le rejoint à Ramatuelle sur le tournage de La Piscine avec Romy. Dès lors, les deux amoureux ne se quittent plus. Ils choisissen­t de vivre à Douchy ( Loiret) à 140 kilomètres de Paris. Mireille était alors l’architecte du réaménagem­ent de cette grande propriété en dessinant notamment les plans de leur demeure. Delon, qui produisait Jeff, tourné en Belgique, réalisé Jean Hermann (alias Jean Vautrin) proposa à Mireille de lui donner la réplique. Elle accepta. Et parallèlem­ent, dans la vie privée, Mireille s’occupa beaucoup d’Anthony. «Si on me retire un de ces deux êtres, je perds une des raisons essentiell­es de vivre », disait alors Delon. Mireille et Alain vécurent quinze ans ensemble. Elle confiait : « Toujours, nous avons tout fait pour ne pas être ce qu’il est convenu d’appeler un couple d’acteurs. » Hier, Anthony Delon, très triste après la mort de celle qu’il considérai­t comme «sa seconde mère» a déclaré. « Mireille était un catalyseur d’amour, un être spirituel, une femme remarquabl­e de courage, de gentilless­e, et d’optimisme. Bien sûr, elle m’a élevée, elle est rentrée dans ma vie à l’âge de 4 ans, sur la pointe des pieds avec respect et douceur. »

Danièle Evenou, partenaire dans les séries Les

Coeurs brûlés et Les Yeux d’Hélène :« Elle avait un soleil dans la voix.

« On avait l’impression que Mireille avait un coeur qui ne voulait pas s’arrêter. Elle est morte jeune mais avec toutes les opérations qu’elle a subies, elle a traversé l’enfer. Pour moi, c’était quelqu’un de très sage. Quand on se parlait, elle me donnait des conseils. Par exemple, elle insistait pour que je boive du thé. Comme nous tournions à l’extérieur les épisodes de la série Les coeurs brûlés de Jean Sagols (1992) au Lavandou, Bormes-Les Mimosas, l’île de Porqueroll­es, le soir après le travail, on allait tous boire un verre ensemble. Je prenais un petit rosé. Mireille non ! Elle se reposait dans sa chambre et quand j’allais la voir elle m’apprenait à faire du thé. Elle utilisait sa propre théière, sa propre tasse. Elle voulait que je sois raisonnabl­e. Elle faisait très attention à sa santé. Elle voulait aussi que je me mette toujours en pantalon parce qu’elle s’était toujours habillée ainsi. Moi, étant plus petite, je préférais les jupes. Mireille était une actrice d’une vérité totale. Elle avait un soleil dans la voix. Je lui racontais des histoires que j’inventais et elle souriait énormément. Et puis, je me souviens qu’un jour, elle m’a dit : « Tu sais pour la première fois de ma vie, il y a un homme qui m’a demandé en mariage ! C’était Pascal Deprez, un architecte. Et elle l’a épousé ! Elle a été vraiment très heureuse avec lui. »

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