On a observé les chauvessouris à la belle étoile
Samedi soir à lors de la nuit internationale de la chauve-souris, quelques curieux ont investi les abords de la chapelle pour scruter les allées et venues de trois espèces protégées
Chiroptophobie. Comprenez, la peur des chauves-souris. Si vous souffrez de ce mal étrange, cet article peut avoir des vertus thérapeutiques. Il est vrai que dans l’imaginaire collectif, la bête ailée a mauvaise presse. Si le super-héros Batman aun temps redoré une image écornée, le sanguinaire comte Dracula demeure toujours dans les esprits des plus froussards. Dont les yeux révulsent à la simple vue de la morphologie répulsive de l’animal. Pourtant, samedi soir à Breil-surRoya, ils étaient une dizaine, pas craintifs pour un sou, à zieuter leur furtive sortie par les fenêtres de la chapelle Notre-Dame-duMont.
« Trois espèces protégées à Breil »
Là, dans l’antre sacré qui tombe en désuétude (lire ci-dessous), mille chauvessouris élisent domicile sur les voûtes, d’avril à octobre. La tête à l’envers, derrière une solide bâche bleue, si bien qu’il est impossible de les couver du regard avant leur réveil nocturne. « On compte trois espèces protégées qui représentent un tiers des effectifs de la Région : le Grand rhinolophe avec un nez en forme de fer à cheval, le Rhinolophe Euryale et le Murin à oreilles échancrées », explique Loïc Gargari. Sur un papelard plastifié, le chargé de mission Natura 2 000 à la Carf leur montre les trombines locales. Avant la confrontation tant attendue, c’est l’heure du pique-nique sous les oliviers. Aucun n’a secrètement planqué une gousse d’ail dans son panier. Erreur de débutant ? « C’est un animal, pas un monstre », défend la petite Océane, guère effrayée, alors que l’obscurité se fait sentir. « Elle n’est pas dangereuse et ne mord pas. L’histoire a véhiculé une mauvaise image », surenchérit Loïc Gargari, essayant de briser le mythe.
Comptage à l’oeil
20 h 26. Les premières locataires de la chapelle déploient leurs ailes. Multiplient les allées et venues par les embrasures de l’édifice religieux. « Il ne faut pas tchatcher une demi-seconde, sinon on les perd de vue », chuchote Valérie. Les chauves-souris volent en rasemottes, frôlant parfois les visages des visiteurs d’un soir. « J’ai senti le courant d’air de leur aile », jure André, tout sourire. «Où vont-elles comme ça ? », questionne une autre amoureuse de la nature. « Elles vont chasser des insectes dans un rayon de 5 km», répond Loïc Gargari qui, tout récemment a participé au comptage - à l’oeil ! - de toute cette fratrie. Il dégaine un détecteur d’ultrasons, chaque espèce produisant un son ou une fréquence spécifique. De l’appareil s’échappe un doux roucoulement, permettant de les identifier. « Elles émettent sur la fréquence 80 », constate-t-il. Signe que le Grand Rhinolophe est dans les parages. Plus la nuit se faire noire, plus les chauves-souris, parties festoyer, se font rares. Il est temps de se retirer. Avec une nouvelle vision de l’animal : la chauvesouris paraîtrait presque sympathique. « Depuis les années soixante, rien n’a été fait. Le pilier central menace de s’écraser et le clocher, touché par la foudre, est en piteux état »,