Monaco-Matin

Un chèque de   € pour signer un CDI ?

Après cinq ans de CDD, l’employée affirme avoir été contrainte de verser à son employeur un chèque antidaté pour signer un CDI et afin de réaliser son rêve: acheter un appartemen­t

- J.D.

Beatrice di Peri travaille pour la société « Le plaisir du palais » depuis 2008. Sa patronne lui avait confié la buvette du Centre hospitalie­r Princesse-Grace, qu’elle tenait avec une collègue. Mais depuis mi-août, et après un accident du travail, impossible de reprendre son poste. « “Tu es virée avec l’article 6”, m’a dit ma patronne. “Et je ne te parle pas du chèque”. » Du chèque ? Oui, celui que Beatrice affirme avoir donné en février 2013, antidaté, en échange d’une modificati­on de son contrat de travail de CDD en CDI et qui aurait été encaissé le 22 juin dernier… L’histoire d’une bien curieuse relation de travail qu’explique Beatrice et que ne souhaite pas commenter l’employeur. L’employée a 40 ans. Elle vit seule en Italie avec sa fille de 7 ans dont elle à la charge. Son salaire : «1600 euros net par mois, sur 12 mois. » Devant sa collègue Laura qui la soutient, elle explique : « J’ai travaillé cinq ans en CDD. Trois contrats se sont succédé : de quatre ans, un mois et un an. En 2013, j’ai souhaité acheter un appartemen­t pour stabiliser ma vie personnell­e et j’ai eu besoin de prendre un crédit. La banque me demandait un CDI. C’était en décembre 2012. Ma patronne a tergiversé puis elle a fini par me dire : “On va te faire un CDI en échange d’un chèque de 2 000 euros que l’on encaissera si on doit rompre le contrat.” J’ai donc donné un chèque de 2 000 euros pour avoir un CDI. »

« Le chèque a été encaissé sans explicatio­n »

Selon l’employée, un chèque aurait été rempli par son père, antidaté, et remis à l’employeur en février 2013. Beatrice di Peri achète ensuite son appartemen­t. Mais les rapports se dégradent entre la salariée et l’employeur. «Et le 15 février 2017, j’ai fait une mauvaise entorse du genou sur mon lieu de travail. J’ai été arrêté du 1er mars au 15 août. Le 22 juin, stupéfacti­on : le chèque a été encaissé. Ni mon père ni moi ne sommes parvenus à avoir une explicatio­n de la part de mon employeur. Sauf que le 17 août, alors que j’étais considérée comme “apte” à reprendre par la Médecine du travail, ma patronne me dit qu’elle veut me licencier et le comptable me dit de ne pas retourner au travail durant la période de préavis. » Beatrice di Peri se démène pour trouver des solutions à sa situation. Elle est aidée par l’Union des Syndicats de Monaco qui a pris très au sérieux son cas. « J’ai envoyé une lettre recommandé­e jeudi dernier à l’Inspection du travail pour expliquer mon histoire, expliquait-elle hier. J’attends encore la lettre de licencieme­nt de mon employeur et le remboursem­ent, à mon père, de ses 2 000 euros. »

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(Photo J.D.) Beatrice di Peri, barman pour la société « Le plaisir du palais », explique une bien curieuse relation de travail durant presque dix ans…

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