Un site archéologique exceptionnel
C’est une référence. Un endroit connu et reconnu par les archéologues en Europe. Le site de Balzi Rossi, sur le littoral, en bordure de la frontière franco-italienne faisant face à Menton, est un terrain de jeu pour les géologues et les chercheurs depuis presque deux siècles. Un ensemble de treize grottes, cavités, abris foisonnant des restes de l’époque paléolithique et au-delà. « Un
site majeur en Europe», témoigne Patrick Simon, directeur du Musée d’anthropologie préhistorique de Monaco, expliquant que ces grottes de calcaire ont été rougies par l’oxydation en surface qui lui donne cette teinte d’où découle son nom. C’est le prince Florestan Ier qui organise et finance la première fouille en 1846. Les ossements et silex trouvés dans la terre sont mis dans des caisses envoyées vers Paris. Le colis n’arrivera jamais à bon port.
Squelette baptisé l’Homme de Menton
En 1870, le préhistorien français Émile Rivière, arrivé sur le site, en fait son laboratoire de recherche. Il y déterre deux squelettes d’enfants, datés de l’époque paléolithique supérieure (il y a 12 000 ans), depuis exposés au Musée de l’Homme à Paris. Quelques années plus tard, les travaux de la voie ferrée ayant remué les lieux, apparaissent des traces de la via Julia Augusta qui serpentait là – à l’ère paléolithique supérieure, la calotte glaciaire sur les Alpes empêchait son franchissement. En mars 1872, un squelette humain, baptisé l’Homme de Menton, est mis à jour. Des années plus tard, les recherches de l’équipe du professeur de Lumley aboutiront au fait qu’il s’agit en fait d’une femme. « Ce qui est important, en matière historique, sur ce site, c’est que pour la première
fois, le fait de trouver des sépultures (une quinzaine au
total NDLR) a remis en question nos connaissances sur les hommes préhistoriques, et leur rapport aux morts», continue Elena Rossoni-Notter, chercheur archéologue. La position des corps, les objets qui les entourent, le fait que des fosses ont été creusées sont autant d’indications sur la façon dont les corps étaient enterrés. Donnant des informations aussi sur les coutumes des hommes préhistoriques, dont les habitudes de vie demeurent méconnues. Plus encore, le site actuel des Balzi Rossi est situé sur une zone sujette aux variations du climat. À la période froide, le niveau de la mer était 125 mètres plus bas. Les hommes préhistoriques vivaient alors sur un plateau (immergé aujourd’hui) et, croit-on savoir, ces grottes étaient un lieu de refuge.