L’armée de l’Air va armer ses drones
Au fait des questions de Défense, les quelque 550 personnes qui assistaient hier à la 15e Université d’été de la Défense, à bord du Mistral à Toulon, n’auront peut-être pas été surprises. Mais pour le néophyte, l’annonce de Florence Parly d’armer prochainement les drones Reaper mis en oeuvre par l’armée de l’Air a fait l’effet d’une bombe. Jusqu’à présent, les drones Reaper, acquis en 2013 auprès des Américains, dans l’urgence de l’intervention française au Mali, se contentaient d’effectuer des vols de surveillance. En réalité, un peu plus que ça puisqu’ils permettent d’identifier et de suivre des cibles. Mais pour traiter ces dernières, autrement dit éliminer physiquement un ennemi – « alors même qu’une telle opportunité est souvent fugace », fait remarquer Florence Parly – il fallait obligatoirement recourir à des avions ou des hélicoptères de combat. Une aberration soulevée en mai dernier dans le rapport des sénateurs Cédric Perrin et Gilbert Roger.
« Un drone n’est pas un robot tueur »
Changement de philosophie : dans un avenir proche, les drones, qui seront équipés d’un armement guidé de précision, pourront donc faire feu et ainsi donner la mort. « À l’avenir, avec la décision que j’annonce aujourd’hui (lire hier), les drones armés permettront d’allier en permanence la surveillance, l’endurance dans la discrétion et la capacité de frappe, au moment le plus opportun. Ainsi, nous gagnons en efficacité », s’est félicitée la ministre des Armées. Autre avantage pointé par Florence Parly : « ce nouvel usage permettra aussi d’optimiser l’emploi des aéronefs, avions de combat et leurs ravitailleurs ou hélicoptères, plus rapides, plus puissants mais également plus lourds dans leur mise en oeuvre ». Anticipant les critiques, Florence Parly a martelé : « Un drone n’est pas un robot tueur. Cette décision ne change rien aux règles d’usage de la force, au respect du droit des conflits armés. » Cette « révolution » ne se limitera pas dans le temps aux seuls Reaper. La ministre des Armées l’a affirmé hier : « A moyen terme, le futur drone européen, dont nous réalisons les études en coopération avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, sera également doté d’armements ».