Monaco-Matin

Je n’ai qu’un souci : que les réformes soient menées”

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Ce qui est certain, c’est que nous nous sommes rassemblés à l’Assemblée sur un principe très simple : nous voterons durant ce quinquenna­t toutes les réformes qui nous paraîtront bonnes pour le pays, nous nous opposerons à celles qui nous sembleront mauvaises et nous essaierons de peser pour amender celles qui seront trop timorées. La réforme du Code du travail qui vient d’être engagée, la droite l’a réclamée durant cinq ans, elle ne l’avait pas faite de  à  et pourtant ses électeurs en sont heureux. Elle ne va certes pas régler la problémati­que du chômage de masse, on attend donc aussi une réforme puissante de la fiscalité et de la formation. Mais il n’y a aucune raison, sauf à faire de la politique politicien­ne, de s’opposer à des réformes qu’on réclame à cor et à cri depuis des années.

Quel bilan tirez-vous des premiers mois d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat ? Il est élu pour soixante mois, ce qui est déjà très court. Mais juger les gens au bout de trois mois est beaucoup trop précoce. Ce qui m’intéresse en politique, ce sont les actes. J’attends du pouvoir qu’il mette en oeuvre une réforme puissante du Code du travail, qu’il transforme la fiscalité, qu’il réforme l’université pour l’adapter au marché du travail. Quand tout cela sera fait, le pays ira déjà mieux. Il faut par ailleurs davantage protéger les Français, c’est l’enjeu de la loi terrorisme qui va dans le bon sens, et inscrire dans le budget  de réelles priorités touchant à la sécurité et à l’éducation, ce qui me semble être le cas.

Pourquoi, puisque vous êtes globalemen­t en phase avec le Thierry Solère estime que l’action du gouverneme­nt va globalemen­t dans le bon sens.

gouverneme­nt, ne pas rejoindre REM, comme d’autres l’ont fait ? Cela va faire partie des sujets de discussion que nous allons avoir. Ce que je souhaite faire, c’est de fédérer tous les élus qui sont des Européens convaincus – je regrette que ma famille politique ait tourné le dos au projet européen avec des propositio­ns plus proches du FN et du protection­nisme qu’autre chose –, et qui sont des réformateu­rs. Deux hypothèses sont sur la table : rejoindre La République en marche !, qui a besoin de deux jambes pour avancer, centre droit et centre gauche, ou bien créer une formation politique qui reprenne ce qu’était l’ADN de l’UMP, un parti pro-européen et réformateu­r. C’est ce choix qu’il nous faut trancher collective­ment dans les semaines qui viennent.

Vous avez estimé que LR était devenu « un petit parti francofran­çais qui fait des clins d’oeil de plus en plus forts au FN ». Mais cette cohabitati­on avec des gens plus marqués à droite avait toujours fonctionné jusqu’ici. Et Laurent Wauquiez comme Eric Ciotti jurent qu’ils ne franchiron­t jamais la ligne jaune avec le FN... Ça, ce sont des mots. Mais dans les actes, Eric Ciotti comme Laurent Wauquiez sont venus au bureau politique des Républicai­ns, au lendemain du premier tour de la présidenti­elle, pour que nous

n’appelions pas à voter clairement Macron au second tour. Or, notre famille a toujours fait d’une digue infranchis­sable avec le FN une priorité absolue. Ce jour-là, ils ont brisé cela. C’est bien gentil de dire qu’il n’y aura pas d’alliance avec le FN, mais la réalité est qu’il n’y a pas eu d’appel à lui barrer la route au second tour de la présidenti­elle. C’est pour moi une tache indélébile, pour Laurent Wauquiez et Eric Ciotti, d’avoir cassé cette muraille entre la droite et l’extrême droite.

le sentiment de compter pour du beurre… Beaucoup d’amendement­s ont été déposés, il est vrai. Pour ma part, j’ai surtout été choqué de voir des députés LR saisir le Conseil constituti­onnel pour que les députés puissent à nouveau embaucher leur femme ou leur fille. Je crois qu’ils sont décalés par rapport aux Français. (Thierry Solère a lui-même salarié son épouse, diplômée de Sciences po, comme attachée parlementa­ire dès qu’il a été élu député en , ndlr).

Votre élection à la questure de l’Assemblée, au détriment d’Eric Ciotti à laquelle elle semblait promise au titre de l’opposition, n’est pas non plus apparue comme un grand gage de démocratie… On est dans une démocratie, justement. Il n’y a même pas besoin d’être membre d’un groupe pour postuler à la questure. Il y avait quatre candidats (pour trois élus, ndlr), il y a eu un vote et je suis très heureux de la confiance que m’ont témoignée mes collègues de l’Assemblée.

Christian Estrosi, qui vous soutient, martèle la nécessité de rassembler. Mais sur quelles priorités voulez-vous fédérer ? Les valeurs et un parti proeuropée­n. Tous les problèmes Vous avez longtemps soutenu François Fillon avec force. Vous vous rapprochez aujourd’hui d’Emmanuel Macron. N’est-ce pas aussi cette inconstanc­e qui détourne les Français des hommes politiques ? Mon parcours s’effectue dans une grande clarté. J’ai été élu député par les électeurs de BoulogneBi­llancourt sans investitur­e des Républicai­ns. Je suis un homme très libre de dire ce qu’il pense et de mettre ses actes en concordanc­e avec ses paroles. J’ai été choisi pour organiser la primaire de la droite qui a connu un grand succès et qui a eu un vainqueur, lequel m’a demandé d’être son porte-parole. Je l’ai fait mais j’ai considéré qu’à partir du moment où il avait affirmé qu’il arrêterait sa campagne s’il était mis en examen, il n’y avait pas d’autre choix que de l’arrêter le jour où cela s’est produit. Il n’a pas souhaité le faire et dès lors j’ai cessé de le soutenir. Beaucoup d’électeurs sont venus me dire qu’ils avaient apprécié mon comporteme­nt. Ce qui détourne les Français de la politique, ce sont deux choses à mon sens : les engagement­s non tenus et ceux qui courent après les postes plus qu’autre chose. Moi, je n’ai qu’un souci : que durant ces cinq ans les réformes soient menées, qu’il y ait un million de chômeurs en moins en , que beaucoup moins de Français vivent sous le seuil de pauvreté et que la pression fiscale diminue, notamment pour les classes moyennes.

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