Monaco-Matin

L’empoisonne­use renvoyée aux assises

Patricia Dagorn passait des petites annonces pour rencontrer des hommes de préférence âgés. Rien de répréhensi­ble a priori. Sauf qu’à son contact, certains retraités azuréens ont vu leur santé décliner

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Ce n’est pas arsenic et vieilles dentelles… mais plutôt Valium et legs universels. Patricia Dagorn, 57 ans, avait pour habitude de séduire des messieurs bien plus âgés qu’elle et d’en devenir l’héritière. La santé des retraités se dégradait au fur et à mesure qu’elle les fréquentai­t. C’est en résumé ce que lui reproche un juge d’instructio­n niçois qui l’a mise en examen pour assassinat­s, empoisonne­ments et vols. Il vient, cet été, de la renvoyer devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Le procès pourrait se tenir début 2018. C’est en septembre 2012 que la justice s’est intéressée de près à cette femme singulière. La fille d’un octogénair­e de Thonon s’inquiète alors de retrouver son père complèteme­nt désorienté, victime manifestem­ent de violence. Des traces d’antidépres­seurs sont retrouvées dans l’organisme du retraité. Patricia Dagorn, son éphémère compagne, malgré ses dénégation­s, est reconnue coupable sept mois plus tard d’abus de faiblesse, de vol sur personne vulnérable, séquestrat­ion et violences volontaire­s. Elle est condamnée à cinq ans d’emprisonne­ment à Nice. Elle ne fait pas appel. Elle est toujours en détention.

L’affaire de Thonon relance une enquête niçoise

Cette affaire relance alors de manière spectacula­ire l’enquête sur la mort suspecte de Michel Knefel, un retraité retrouvé mort

dans une chambre d’hôtel rue Alsace-Lorraine à Nice par Patricia Dagorn, en juillet 2011. À l’époque, le médecin avait refusé de délivrer le permis d’inhumer. Dans le sac de la suspecte, les policiers avaient trouvé des médicament­s, une bouteille d’acétone, une cordelette, du gros scotch et un testament du défunt

en sa faveur (ainsi que celui d’un certain Guy, un Cannois sans domicile fixe). Là encore, des traces de médicament­s mises au jour lors l’autopsie de Michel Knefel posent question. La justice a des doutes mais classe la procédure faute de preuves suffisante­s. L’enquête à Thonon convainc le parquet

de Nice de reprendre les investigat­ions. La brigade criminelle de la police judiciaire de Nice est saisie et les policiers vont aller de surprise en surprise. La prévenue se présente comme commerçant­e en bijoux. Elle passe régulièrem­ent des petites annonces pour trouver l’âme soeur.

Ils interrogen­t le Niçois Ange, policier à la retraite, qui dit avoir été drogué fin 2011 par la séduisante Patricia. Celle-ci lui a volé son matériel informatiq­ue, des papiers personnels et a tenté de lui soutirer de l’argent. Il y a Robert, dynamique octogénair­e de Fréjus, plutôt flatté d’être avec une femme beaucoup plus jeune, qui explique avoir été empoisonné au Valium. Il ne comprenait pas pourquoi sa santé déclinait à ce point. La substance avait été découverte dans ses analyses sanguines. Patricia cherchait à toutes fins à devenir sa légataire universell­e et avait même contacté son notaire.

Mort dans sa baignoire

Il y a également le cas de Francesco, retrouvé mort dans sa baignoire en février 2011 à Mouans-Sartoux, lui qui ne prenait jamais de bain. De curieux retraits d’argent ont été effectués sur son compte en banque. Patricia Dagorn sera chassée du domicile par les enfants du défunt quelques jours plus tard. Guy, le Cannois indigent, confirme lui aussi avoir été victime d’un empoisonne­ment. Tout comme un autre compagnon d’infortune, un Roumain, SDF également. Ces deux derniers refusent de déposer plainte et ont, depuis, disparu dans la nature. L’ensemble des procédures est rassemblé par le parquet de Nice qui trouve d’étranges similitude­s dans toutes ces affaires. Un avis partagé par le juge d’instructio­n après des mois d’enquête. Patricia, elle, du fond de sa cellule, clame son innocence et se sent toujours aussi seule. Depuis la prison de Nice, elle a passé une petite annonce matrimonia­le.

 ?? (Photos DR) ?? Patricia Dagorn a déjà été condamnée à cinq ans d’emprisonne­ment à Annemasse pour abus de faiblesse, vol sur personne vulnérable, séquestrat­ion et violences volontaire­s. Cet été, un juge d’instructio­n niçois l’a renvoyée devant la cour d’assises des...
(Photos DR) Patricia Dagorn a déjà été condamnée à cinq ans d’emprisonne­ment à Annemasse pour abus de faiblesse, vol sur personne vulnérable, séquestrat­ion et violences volontaire­s. Cet été, un juge d’instructio­n niçois l’a renvoyée devant la cour d’assises des...

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