Monachem met définitivement la clé sous la porte
Les derniers employés de l’usine de la rue du Gabian ont quitté les effectifs le 31 août, sans heurts. C’est une page de quarante-quatre ans d’histoire industrielle monégasque qui se tourne
Ils étaient quatre à fermer la boutique. Les derniers d’un effectif qui comptait 38 personnes en 2015, d’après le groupe Teva, propriétaire de feu Monachem. Dans les trois étages de cet immeuble de la rue du Gabian, Monachem fabriquait des corticostéroïdes et des produits d’hormonothérapie féminine depuis qu’elle avait démarré son activité en 1973, alors qu’elle s’appelait encore Chemifar. Ce n’est qu’en 1992, au terme d’un important audit QSE (Qualité, sécurité, environnement), que les installations sont entièrement modernisées pour un investissement d’un peu plus de six millions d’euros (40 millions de francs à l’époque). Ingénieurs, docteurs, techniciens, administratifs, ils sont trente-huit à travailler à Fontvieille lorsque les premières difficultés se font sentir en 2014.
Restructuration du groupe
Cela fait alors quatre ans que le groupe israélien Teva, leader mondial des médicaments génériques, a pris le contrôle de l’entreprise qui appartenait au géant pharmaceutique Merck depuis 1999. Celui-ci avait également pris possession de l’entreprise Theramex, également monégasque, et partenaire étroitement lié à Monachem qui était l’un de ses fournisseurs principaux. Un membre du personnel confiait dans nos colonnes en 2014 que « déjà en octobre 2013, on nous avait annoncé un plan global de 5 000 postes sur l’ensemble du groupe Teva ». Et l’idée fait son chemin, puisque Theramex subit en 2014, malgré ses bénéfices, un plan social qui entraîne Monachem dans sa chute, quelques mois plus tard. Plusieurs manifestations sont organisées. Grèves, piquets et banderoles n’y feront rien. Theramex fermera en 2016. Le 25 septembre 2014, Teva annonce la fermeture de Monachem, prévue en décembre 2015. Là aussi, les salariés battent le pavé, sans succès. Ils publient un communiqué dans lequel ils expliquent leur indignation : « Les salariés n’acceptent pas cette décision et réfutent les arguments qui sont avancés. L’entreprise existe depuis plus de 40 ans, n’a jamais été en difficulté et n’a jamais connu de conflit social. Modernisée en 1994, elle a été constamment maintenue à un niveau très élevé d’exigences en matière réglementaire, technologique, de sécurité et de qualité ». Rien n’y fait, la fermeture est planifiée. Mais l’histoire traînera un peu. Selon Teva, la production s’arrêtera en avril 2016, pour « atteindre la production des quantités prévues ». D’après un ancien employé, le démantèlement des installations prendra plus longtemps que prévu, pour s’achever en mai 2017. Les quatre derniers salariés ont donc quitté les effectifs le 31 août, à l’issue de leur préavis de trois mois. Seule consolation, les manifestations ont permis d’obtenir de meilleures conditions de départ.
Plan social respecté
«Toutes les conditions présentées aux salariés et acceptées en assemblée générale, ont été respectées. Je n’ai pas eu de retours négatifs », confiait cette semaine un ancien délégué du personnel. Si les détails de ce plan ne sont dévoilés par personne, il comprenait des indemnités de départ, une partie formation, et une partie aide à la création d’entreprise. De son côté, le groupe Teva certifie qu’ils ont « travaillé pour accompagner le mieux possible cette période de transition : des aides et des services de reclassement ont été mis en place ». Toujours selon l’ex-représentant du personnel, 80 % des employés du site auraient rebondi et trouvé un nouvel emploi, dont certain dans l’industrie monégasque. « Il faut reconnaître que l’industrie pharmaceutique est un domaine privilégié, ce qui fait que les salariés n’ont pas été trop lésés, même si un plan social est toujours une épreuve, surtout pour les plus âgés. »