Une gestion par anticipation du trafic
À voir certains comportements (lire ci-contre), la vingtaine d’agents du Centre Intégré de Gestion de la Mobilité endossent parfois le rôle d’anges gardiens par leur promptitude à informer du danger les usagers de la route (lire ci-dessous). Derrière leurs écrans de contrôle, ils ont surtout développé une science de l’anticipation en coordination avec les services de l’État et les agents mobiles de la Direction de l’aménagement urbain ou de la Sûreté publique. Leurs armes: ce maillage territorial, un code de procédures touffu, du bon sens et de l’expérience. « De l’extérieur, on a l’impression que c’est la panique, que c’est mal organisé, mais c’est tout le contraire », se défend le directeur du CIGM, Jean-Luc Puyo qui «entend et accepte toutes les critiques » mais tient à sa vérité et réfute l’unique responsabilité des chantiers dans les congestions actuelles. «Quand ces chantiers sont anticipés [à 6 mois en l’espèce, ndlr], on arrive à les gérer, il n’y a pas de surprises. » Au point, parfois, d’ouvrir une fenêtre à l’innovation, l’audace.
Le tunnel Albert II inversé
« Cet été, le tunnel Albert II a été inversé à trois reprises pour délester les jours d’événement (voir photo).» Un essai concluant pour Jean-Luc Puyo, qui rappelle que l’ouvrage a permis, «en un an», « de capter 50 % du trafic de l’entrée de ville». « Après, on est limité par l’entonnoir des deux carrefours au dessus donc on ne peut pas envoyer plus de monde qu’actuellement», affine le responsable d’exploitation, Stéphane Porcu, en évoquant un trafic stable tout au long de l’année sur cette portion. « Pour ceux qui habitent au Jardin exotique, c’est un soulagement, 6 500 à 7 000 véhicules empruntent le tunnel chaque jour contre 5 000 sur le Jardin exotique », conclut Jean-Luc Puyo, non sans se remémorer l’impact positif, en son temps, de la dorsale.
« L’investissement nécessaire de l’Etat »
«Quand il y a des perturbations, l’État fait l’investissement nécessaire », résume le directeur. Pour exemple, «le petit point noir des piétons sur le boulevard princesse Charlotte au niveau de la gare ». « Le matin, cette traversée occasionnait des queues mais l’État a investi dans un tunnel et, à horizon 2018, les piétons vont passer en dessous pour alléger le trafic. » Rien n’est laissé au hasard. Alors que le rond-point du Portier s’apprête à accueillir de gourmandes zones techniques pour le bien de l’extension en mer, Denis Lantermino, responsable des autorisations administratives (*), déroule ainsi, à quelques mois de l’échéance, autant de plans de circulation que de phases de travaux.
Et la rentrée scolaire ?
Si un faible pourcentage d’impondérables ne peut être dompté, la maîtrise des cycles propres à Monaco et son événementiel (Yacht show, Grand Prix, Jumping…) n’a plus de secrets pour le CIGM. Les observations de chaque édition étant mises en oeuvre dès l’année suivante par le biais de « fiches d’événement ». Et la rentrée scolaire de lundi prochain dans tout ça ? Si le pic de circulation entre 7 h 15 et 9 h 30 est à prévoir, le CIGM entend traverser l’orage dans la sérénité. «Onalimité les autorisations de travailler sur l’espace public le 11 et le 12 septembre pour fluidifier», avance Denis Lantermino. «Ça va être compliqué dans la tête des gens en terme de fluidité de la circulation. Ça va durer trois jours et ça repart, à nous de garder notre sang-froid», relativise Jean-Luc Puyo, en incitant les automobilistes à mesurer les temps réels d’attente. À savoir, par exemple, que même les feux les plus interminables ne mettent jamais plus de 1 minute 30 à passer au vert. Patience donc.
« Les chiffres d’une ville de habitants»
Avec une densité journalière (rapport entre véhicules qui sortent et qui rentrent) de 106000 à 116000 véhicules en moyenne par mois, Monaco arbore aussi les « chiffres d’une ville de 70 000 habitants », note Denis Lantermino. «On n’est pas des magiciens mais presque», ose Jean-Luc Puyo face à ce constat. Alors quel bilan face à ces chantiers? « L’entrée de ville Ouest et Engelin, ça se passe bien. FANB, c’est un quartier sensible avec l’entrée de Beausoleil mais ça fait six mois qu’on y est et personne n’a rien vu, donc ça se passe bien. On a pourtant fermé toutes les voies une à une avec la France. » Et le combo imminent – et impossible à anticiper il y a peu – PasteurApolline? «Sur Fontvieille, on a déjà eu la pire configuration cet été où on a tout fermé », tranche Puyo. Apolline ? « Les déménagements sont gérés en zone piétonne et on a déjà vécu l’aménagement dont une grosse partie avait été faite par la petite ruelle derrière», conclut Lantermino. Deux compères qui annoncent deux nouveaux tests sur l’îlot Pasteur pour fluidifier. L’un piéton, l’autre routier. « On est sûrs de nous ! »
4700 délivrées en 2016, essentiellement pour des camions de chantier.