Lisa Caussin-Battaglia ou la doctrine du Jet
À 22 ans, la Monégasque réussit aussi bien dans les études que sur l’eau où elle est devenue vice-championne de France de Jet à bras en août dernier et laisse entrevoir un beau potentiel
Elle a beau porter le 666 en compétition, ses traits angéliques trahissent sa timidité et sa douceur. À 22 ans, Lisa CaussinBattaglia mène une vie de « contradictions ». Diplômée d’un Master 2 en philosophie cette année, la Monégasque est également devenue vice-championne de jet à bras à Moissac, fin août. « Ça interpelle toujours les gens, confie-t-elle. J’ai un profil qui sort de la norme. » Deux passions bien différentes découvertes en septembre 2011, année qui marque son entrée en Terminale. La première résulte d’une rencontre avec un professeur extraordinaire. «Je voulais devenir professeur de littérature puis j’ai découvert la philosophie en Terminale et j’ai adoré. Depuis, je veux transmettre mon amour pour cette matière comme ce prof, M. Vinci, le fait», raconte Lisa Caussin-Battaglia. Ses études l’ont mené de la Sorbonne (Paris-I) à la faculté de Lettres de Nice où elle est sortie major de promotion avec son mémoire « La musique chez Platon ». Son année passée dans la capitale française reste mitigée puisqu’elle doit arrêter le sport mais aussi le théâtre et la musique, ses deux autres passions: « C’était le meilleur endroit pour apprendre mais une erreur fatale pour moi. J’ai tenu pour réussir. Mes parents avaient fait
beaucoup de sacrifice pour moi, je leur devais ça. Mais j’étais dans un tel état… » Jamais rassasiée, elle vient d’entamer un double cursus « Licence 3 Entraînement sportif » en STAPS et « PostMaster préparation au concours de l’enseignement Agrégation de Philosophie » à la fac de Lettres.
Platon et compétition
Élève brillante, la représentante
monégasque des étudiants de Monaco au Comité de l’Éducation nationale mène une tout autre vie en parallèle des cours, à hauteur de 25 heures par semaine. Été comme hiver. Tout est parti du Pass’Sport Culture et d’une session jet, toujours en septembre 2011. « Un stage de cinq jours était organisé pour seulement 50 euros. Il fallait que je le fasse absolument ! Je suis complètement tombée
sous le charme de ce sport », se rappelle l’athlète de haut niveau du Comité olympique monégasque. Elle rejoint alors le Roca Jet Club où elle débute en compétition en 2012 : « Il a fallu gagner sa place. Je devais d’abord montrer mon investissement en tant que bénévole durant un an ». Les compétitions défilent, les succès aussi. Championne ‘’Grand Sud France’’ 2015, vice-championne de la coupe du monde JetCross Tour 2015, vicechampionne de France 2017… Sa dixième place au World Ranking Aquabike en 2016 lui permet de devenir pilote officielle au championnat du Monde Aquabike UIM. Après deux courses en Italie début juin et avant les échéances en Chine (octobre) et aux Emirats Arabes Unis (novembre/décembre), Lisa Caussin-Battaglia est actuellement 10e : « Je ne suis pas satisfaite, je veux toujours mieux faire. Je dois rester dans les dix premières pour conserver mon statut, explique-t-elle. Je me suis décidée à acquérir le nouveau Kawazaki 1 500. Le moteur est plus puissant et la coque plus stable. »
«J’ai du mal à croire en moi »
Un petit bijou à 15 000 euros acheté grâce aux sponsors qui la soutiennent, de la Principauté à ADS Securities. « Sans eux, je ne pourrais rien faire. Ils me soutiennent et voient que je suis investie. Je veux leur rendre cette confiance », assure-telle. Si elle espère intégrer le top 3 mondial et devenir championne du monde, la Monégasque connaît son adversaire le plus redoutable: elle-même. Une situation qui « rend fou » son fidèle et dévoué entraîneur, Michel Torre : « Je suis très faible mentalement et hyper sensible. J’ai du mal à croire en moi. Je dois travailler ce côté féroce, j’évolue progressivement », sourit-elle. Dans sa lutte pour tutoyer encore plus les sommets, Lisa Caussin-Battaglia pourra toujours s’inspirer de ce qu’écrivait le philosophe grec Platon : « La victoire sur soi est la plus grande des victoires. »