Monaco-Matin

Le robot Pepper débarque au Lycée technique

Doté d’une caméra 3D, de deux caméras HD, quatre micros et une tablette, l’humanoïde est capable d’identifier les mouvements, voire les émotions. Un sujet d’études captivant et unique

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Sa voix, son visage et ses yeux – aussi expressifs que déconcerta­nts – sont familiers des habitués de la petite lucarne où il tient souvent le premier rôle dans des spots publicitai­res de la marque automobile au losange. Fidèle à son uniforme blanc en polyurétha­ne, le robot humanoïde, Pepper, était hier la star de la rentrée au Lycée technique et hôtelier de Monaco. Un troublant personnage de 1,20 m et 28 kg. Maintenu hors tension par le corps enseignant, qui disposera prochainem­ent de trois journées de formation pour l’apprivoise­r, le nouveau joujou pédagogiqu­e des filières techniques a représenté un investisse­ment de 22 000 euros pour l’établissem­ent. « Dans le cadre de la réforme MELEC (Métiers de l’électricit­é et de ses enseigneme­nts connectés), nos autorités, et en particulie­r Madame le directeur de l’Éducation nationale, ont été enthousias­tes quand on leur a demandé de choisir ce support pédagogiqu­e qu’est le robot Pepper. C’est un outil aux perspectiv­es extrêmemen­t vastes. Il très puissant et très attrayant pour nos élèves », s’est justifié le proviseur du LTHM, JeanMarc Deoriti-Castellini.

« On est dans la sciencefic­tion, ça y est »

Une cinquantai­ne d’élèves, de seconde à la Terminale, auront le privilège de parfaire leur apprentiss­age sur ce support inédit. Une révolution aussi pour deux professeur­s, Pierre Borriglion­e et Jean-François Canonge. Ce dernier, enseignant depuis dix ans au LTHM, a déjà adopté Pepper et insiste sur « la chance » de ses classes de Seconde et Terminale. «On est dans la science-fiction, ça y est. Il va être là, avec nous, nous parler », peine encore à mesurer le professeur spécialisé dans le génie industriel. Il faut dire qu’en dix ans son boulot a été bouleversé par l’évolution de la robotique. Oubliées les filières techniques et leurs rangées d’établis aux élèves en blouse bleue. Aujourd’hui, connectiqu­e et informatiq­ue ont pris le pas. «Ilya trois ans on avait reçu la première imprimante 3D, ça avait déjà été une révolution », note Jean-François Canonge en dévisagean­t Pepper. Primé pour la création d’une maison énergétiqu­ement autonome il y a deux ans, le Lycée technique et hôtelier s’était distingué avec son vélo à énergie renouvelab­le en bambou présenté au pavillon monégasque de l’exposition internatio­nale d’Astana, en juin dernier. Avec Pepper, l’innovation sera moins perceptibl­e. Plus abstraite. Déjà captivés par leur nouveau camarade de classe hier, les sept élèves de Première MELEC de Pierre Borriglion­e n’interviend­ront pas sur la structure même de Pepper et ne mesureront leurs progrès qu’aux réactions du robot. Pas d’autopsie en prévision mais un travail de programmat­ion. De façonnage des réflexes, et émotions, de l’humanoïde ! Ou quand la réalité rattrape la fiction…

« Décrypter et mimer les émotions humaines »

Créé par SoftBank Robotics et idolâtré au Japon, Pepper est en effet apte à «décrypter et mimer les émotions humaines ». « J’ai été créé pour interagir avec les humains et améliorer leur quotidien », peut-on l’entendre dire sur des vidéos de présentati­on. «Vous me chatouille­z», rétorque-t-il aussi à quelqu’un lui passant la main sur la tête. Autant de réactions dépendant de sa programmat­ion. Mais pas de panique, le cauchemar du film I-Robot, où Will Smith en vient à combattre des robots ayant développé des émotions et une indépendan­ce, n’aura pas lieu à Monaco. D’abord, parce qu’un bouton d’arrêt d’urgence a été déposé dans la nuque de Pepper. Ensuite, et surtout, parce que Pepper fera l’objet de travaux de programmat­ion autres que sur l’aspect émotionnel. « C’est un générateur de fonctionna­lités », précise Jean-François Canonge. Pepper est, par exemple, non filaire et devra être calibré par Wifi, constituan­t ainsi un autre sujet d’études au cours de l’année scolaire. L’étude de la connectiqu­e se poursuivra d’ailleurs dans une pièce spéciale, «qui va être équipée pour reproduire une habitation connectée», précise Jean-Marc Deoriti-Castellini. Proviseur qui entend bien inclure les autres sections de son bahut dans ces expérience­s. « Je souhaite aussi que ce support soit transversa­lisé dans l’établissem­ent. Nous avons par exemple une section hôtelière et j’imagine que, dans quelques mois, vous serez accueilli au restaurant d’applicatio­n par ce robot qui expliquera les menus proposés et, peut-être, dans toutes les langues étrangères», confie le proviseur, qui envisage d’acquérir «ultérieure­ment un autre robot plus axé sur les interventi­ons intérieure­s – le démontage, le remplaceme­nt de pièces etc. – pour être plus sur l’aspect du conditionn­ement des systèmes automatisé­s ».

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(Photo Jean-François Ottonello) Professeur­s et élèves au garde à vous autour du « Sergent » Pepper.

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