Cyclone Irma: le Tonnerre met le cap sur Saint-Martin
La solidarité nationale au profit des sinistrés du cyclone Irma passe par Toulon. Après avoir chargé quelque 1 000 tonnes de fret, le bâtiment de la Marine nationale appareille aujourd’hui
Premier port de projection français, la base navale de Toulon a beau être en perpétuelle effervescence, il y régnait hier une agitation particulière. Notamment aux abords de l’appontement Milhaud 6. En l’absence du porteavions Charles-de-Gaulle, son locataire habituel, c’est un autre géant que ce quai, situé presqu’à l’extrême ouest du port militaire, accueille depuis 48 heures. En l’occurrence : le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre. Véritable « couteau suisse » de la Marine nationale, le monstre d’acier – 200 mètres de long, pour un déplacement de 22 tonnes – a été désigné pour porter assistance aux sinistrés des îles de Saint-Barthélemy et Saint-Martin balayées en milieu de semaine dernière par Irma, le plus violent cyclone jamais enregistré en Atlantique.
Place à la reconstruction
Avec ses 2650 m2 de hangars, ses 5200 m2 de pont d’envol, le Tonner re (comme ses sister-ships Mistral et Dixmude) a des capacités d’emport incomparables. Au vu des dégâts constatés sur ces deux confettis de la République française, ce ne sera pas du luxe. Attendu aux Antilles pas avant une douzaine de jours, le Tonnerre ne s’inscrit bien évidemment pas
dans l’aide d’urgence aux populations, mais déjà dans la reconstruction. « On part pour soutenir les efforts de reconstruction », lâche le capitaine de vaisseau Ludovic Poitou, commandant du BPC. La liste du matériel englouti par l’ogre depuis hier le confirme. Outre 67000 bouteilles d’eau conditionnées en palettes, ce sont essentiellement des engins de levage et de déblaiement, des
grues et autres pelleteuses – au total 116 véhicules fournis par le génie de l’armée de Terre – que le Tonnerre s’apprête à acheminer jusqu’aux Antilles françaises. « Les îles ont été dévastées. Ce matériel va permettre de dégager les obstacles, de rétablir les axes routiers. On a également des groupes électrogènes afin d’effectuer des rétablissements sommaires de réseaux électriques », explique
le commandant Poitou.
Au plus près des zones sinistrées
Reste une question, et pas des moindres : où sera débarqué tout ce matériel ? Certainement pas dans le port de Saint-Martin assez sévèrement touché par le cyclone. Une équipe de plongeurs de combat de l’armée de Terre et de la Marine nationale, à même de réaliser des travaux
sous-marins, a d’ailleurs pris place à bord du BPC. Mais le commandant Poitou n’a pas l’air inquiet à ce sujet. « Avec les trois chalands de débarquement et les quatre hélicoptères que nous embarquons, on peut s’affranchir des installations portuaires et délivrer le matériel au plus près des zones sinistrées. C’est tout l’intérêt des BPC», se félicite le pacha. Cette perspective semble
également satisfaire Karim. Originaire de La Réunion, ce jeune mécanicien plateforme à bord du Tonnerre, a l’expérience des cyclones. « En 2002, La Réunion a été frappée par le cyclone Dina. Je sais ce que c’est de vivre sans électricité. Alors pour ma première affectation, je suis content de participer à une telle mission et d’apporter de l’aide à des sinistrés ».