Qui est le nouveau patron de la justice en Principauté ?
Discret, juriste de talent, au service du pays et de son prince : voilà comment ses proches qualifient le futur directeur des services judiciaires. Portrait du successeur de Philippe Narmino
Ce ne pouvait être que lui. À écouter tous ceux qui le connaissent, Laurent Anselmi est celui qui devait devenir directeur des services judiciaires de Monaco. Le grand patron de l’institution. L’équivalent d’un ministre de la Justice chez nos voisins. «Je ne vois pas qui pourrait trouver à redire sur cette nomination, assure une proche de longue date. C’est le seul nom qui s’imposait.» Et ça ne date pas d’hier. «Le nom d’Anselmi circule depuis des années pour succéder à Narmino», confie une source proche du Palais princier. Et de manière particulièrement insistante depuis quelques mois. Depuis, en fait, que Philippe Narmino, directeur des services judiciaires jusqu’au 23 septembre, est mis en cause dans l’affaire BouvierRybolovlev, soupçonné par les avocats du marchand d’art suisse d’avoir été instrumentalisé par l’avocate du président de l’AS Monaco (lire nos éditions d’hier et du 24 août).
« L’un des plus éminents juristes de Monaco »
Pour l’instant, en homme discret qu’il a toujours été, mais surtout dans le respect des institutions monégasques, Laurent Anselmi attend de prendre ses fonctions pour s’exprimer publiquement. Ce sera entre le 23 septembre et le 2 octobre, date de la rentrée judiciaire. C’est donc à travers les yeux de ceux qui le côtoient depuis longtemps que l’on découvre qui est le nouveau patron de la justice monégasque. Première caractéristique: c’est un juriste hors pair. «Une ceinture noire 10e dan en droit», illustre un proche dans un sourire. «L’un des plus éminents juristes de Monaco », poursuit une autre. «Et surtout, ajoute une source gouvernementale, il a une profonde connaissance de la culture et de l’identité monégasques, ce qui lui confère une grande pertinence en matière d’application du droit à Monaco.» Son curriculum vitae long comme le bras confirme son expertise juridique (lire cicontre). Le témoignage de cette relation professionnelle de longue date ajoute du poids à son CV de quatre pages : «Il aime le droit, possède une immense culture juridique. C’est un juriste pur. Il n’y en a pas beaucoup à Monaco.» Laurent Anselmi vit le droit même en dehors de tous les postes qu’il a occupés dans l’administration monégasque. «Il a réalisé beaucoup de travaux et de publications juridiques, témoigne un avocat. Il a même été responsable de la Revue de droit monégasque.» Et le poste qu’il occupe depuis 2008, pour quelques jours encore, a renforcé sa compétence juridique et sa connaissance du pays. Délégué aux affaires juridiques auprès du gouvernement, Laurent Anselmi est en quelque sorte « le super-juriste du gouvernement, image-t-on au Ministère d’État. Il émet des avis et des recommandations sur tous les projets de loi, sur tous les textes, les actions à mener, les contrats à signer, ainsi que sur les négociations avec l’Union européenne. En intervenant sur à peu près tous les sujets, il a une vision transversale de l’administration ».
« Un grand serviteur de l’État»
Un autre trait de la personnalité de Laurent Anselmi revient fréquemment. «C’est un grand serviteur de l’État monégasque qui a toujours défendu l’intérêt premier de la Principauté, avec beaucoup de modestie et d’expertise, assure un proche. Il n’est pas intéressé par l’argent ni par les ors de la monarchie.» «Je connais Laurent depuis très longtemps, complète une autre. Je vous assure que c’est un grand serviteur de l’État et surtout du prince Albert II. Il me répète souvent: “Je suis principiste.” Il est fidèle à son pays et à son prince, et leur a dédié sa carrière professionnelle en faisant le choix du service public. Il est entré dans l’Administration par goût, non par défaut. »
Discrétion
La simplicité de Laurent Anselmi est aussi largement évoquée. « Il roule sur un petit scooter hors d’âge, avec un casque intégral sans visière », souffle-t-on. Il aime les vacances à la montagne, dans le Tyrol italien et la Forêt-noire autrichienne. Et puis c’est un type gentil.» Père de deux filles, étudiantes en France, ce Monégasque de 55 ans, très sportif, amateur de footing et de salle de gym, reste toujours très discret, dans l’ombre. Il n’apparaît pas dans les journaux – les archives de Monaco-Matin peuvent en attester – et n’est pas du tout mondain. On le voit rarement dans les soirées monégasques. Sans doute ses nouvelles fonctions vont-elles lui imposer quelques efforts de ce côté-ci.