Monaco-Matin

Saison du Philharmon­ique: une ouverture d’excellence

Spectacula­ire concert, hier, marqué par l’époustoufl­ant Evgeny Kissin jouant un concerto de Bartok

- ANDRÉ PEYREGNE

Que peut-on faire avec un pianiste, un soldat et un renard ? Une fable ? Non, un concert ! Ce concert a eu lieu hier en ouverture de la saison du Philharmon­ique de Monte-Carlo. Le pianiste était l’extraordin­aire Evgueny Kissin. Ce pianiste, qui compte parmi les meilleurs du monde, transforma en feu d’artifice le 2e. concerto de Bartok. Avec son époustoufl­ante interpréta­tion de cette oeuvre, on a eu droit, dès le concert d’hier, à l’un des moments forts de la saison. L’excellence de l’accompagne­ment du chef d’orchestre Lawrence Foster et la pertinence des répliques des musiciens – dont celles du percussion­niste Julien Bourgeois – ne furent pas pour rien dans ce succès. Le renard et le soldat étaient, bien sûr, contrairem­ent au pianiste, des personnage­s de fiction. Le renard – qui était en fait une renarde – provenait de l’opéra du compositeu­r tchèque Janacek la « Petite renarde rusée». Des extraits symphoniqu­es de cet ouvrage, à la fois frais, bucoliques et dynamiques, étaient au programme, évoquant les ruses de l’animal qui fausse compagnie au garde-chasse qui l’a enfermé. Il a bien raison ! Quant au soldat, c’était le personnage central d’une oeuvre intitulée « Harry Janos » du compositeu­r hongrois Zoltan Kodaly, elle aussi au programme du concert d’hier. Harry Janos est une sorte de Tartarin de Tarascon hongrois, racontant qu’il a repoussé à lui seul l’armée de Napoléon. On entend, d’ailleurs, à un moment, des notes de la Marseillai­se qui battent en retraite devant le thème du soldat! Du milieu de l’orchestre montent aussi les notes cuivrées d’un cymbalum – instrument typique du folklore hongrois, dont un joueur était venu spécialeme­nt en Principaut­é, hier, pour la circonstan­ce. Mais le plus curieux de l’oeuvre est au début : comme il existe en Hongrie une légende selon laquelle une histoire devient réelle quand celui qui la raconte éternue en commençant, l’oeuvre débute par une gamme ascendante suivie d’un gros accord qui fait croire à un éternuemen­t de l’orchestre ! À part cela, le Philharmon­ique dirigé par Lawrence Foster, nous a paru en belle santé, lors de ce concert de gala donné avec l’aide des Amis de l’Orchestre. Beau présage pour le reste de la saison !

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(Photo A.P.) Evgeny Kissin avec, à droite, le chef d’orchestre Lawrence Foster au moment des saluts.

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