Monaco-Matin

Les vestes d’Angela Merkel

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On sait d’elle qu’elle porte toujours la même veste mais jamais de la même couleur. Des vertes, des jaunes, des roses. Un vrai technicolo­r. On sait aussi qu’elle s’amuse à correspond­re par SMS avec ses amis, politiques ou pas, pendant les séances ennuyeuses au Parlement ou ailleurs. Et qu’elle aime les concerts où elle se rend généraleme­nt sans escorte avec son mari. Son seul luxe : elle porte un collier différent chaque jour Elle est sans doute la personnali­té étrangère que l’on connaît le mieux en France tant ses images sont devenues familières à la télévision. Il faut dire qu’elle est chancelièr­e de la République fédérale allemande depuis , et que selon toute vraisembla­nce elle va rempiler la semaine prochaine pour un quatrième mandat. Il s’agit, bien sûr, d’Angela Merkel. Pourtant, les élections législativ­es qui vont avoir lieu en Allemagne dimanche n’ont pas fait la une de la presse internatio­nale On n’a jamais aussi peu entendu parler de campagne électorale, pas plus de celle qui a mené la course en tête, Angela Merkel, que de son challenger social-démocrate, Martin Schulz. Le seul débat télévisé qui les a opposés a été, dit-on, d’un ennui mortel. Question : à quoi Angela Merkel, la femme la plus puissante du monde selon le magazine américain Forbes, doit-elle sa longévité ? Il vrai qu’elle a profité des réformes du droit du travail, imposées par le chancelier Gerhard Schröder en . Celui-ci en a certes perdu le pouvoir, mais sa réussite est retombée sur celle qui lui a succédé. Aujourd’hui, elle joue sur du velours. En dehors de la droite nationalis­te allemande, elle n’a pas de réels ennemis. Elle a conduit depuis , plusieurs coalitions avec les socio-démocrates, de sorte qu’elle peut dire à Martin Schultz, son compétiteu­r socialiste d’aujourd’hui : qu’avez-vous à me reprocher ? Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec vous. Le parti écologiste, les Verts, était très puissant en Allemagne, mais Angela Merkel lui a fait un très sale coup, le pire que l’on peut destiner à un adversaire politique : elle a fait siennes toutes ses propositio­ns, dont évidemment, l’abandon du nucléaire. Les pauvres Verts se retrouvent sans programme. Comme le Bernard-l’ermite, elle s’est nichée dans leur coquille, et notamment en assumant l’ouverture de l’Allemagne à un million de migrants. Les raisons de sa réussite ? Elle n’aime pas les idéologies, qui l’ont tellement marquée quand elle était jeune et qu’elle vivait, fille de pasteur, dans l’Allemagne de l’Est communiste. Elle est donc capable de changer d’avis lorsque le réalisme lui commande de le faire, et même de défendre avec fougue, sans complexe, une idée qui n’était pas la sienne quelques jours plus tôt. Cela s’appelle le pragmatism­e. Les Français n’aiment pas trop ça. Ils crient facilement au retourneme­nt de veste. Mais c’est précisémen­t ce que les Allemands apprécient : le bon sens, le confort, la sécurité, la stabilité. Avis à Emmanuel Macron : Angela Merkel s’est montrée très discrète depuis trois mois, bataille électorale interne oblige. Mais, dans une semaine, il ne sera plus seul en Europe. La Reine Merkel sera de retour.

« Mais c’est précisémen­t ce que les Allemands apprécient: le bon sens, le confort, la sécurité, la stabilité. »

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