Monaco-Matin

Des Azuréens, survivants d’Irma, racontent «l’horreur»

Installés à Saint-Barthélemy depuis des mois ou depuis plusieurs années, ces habitants de la Côte d’Azur ont vécu l’ouragan Irma de l’intérieur. Ils évoquent ces jours de craintes et d’angoisse

- E.G

Ils ont vécu l’horreur. Pendant plusieurs jours, ces Azuréens qui vivent à Saint-Barthélemy, ont survécu à l’Ouragan Irma qui a ravagé les Antilles. Des jours et des nuits d’angoisse, où la solidarité était de mise. Si certains sont rentrés en métropole, d’autre sont restés sur place, alors que les Caraïbes sont en état d’alerte avant l’arrivée de l’ouragan Maria… Ils témoignent.

Christophe Ruff, cadre à EDF (devenu depuis Enedis), a longtemps été en poste sur la Côte d’Azur, à Sospel, Plandu-Var ou encore Menton sa dernière affectatio­n. Du moins en métropole. Il y a un peu plus de trois ans, Christophe est parti en mission aux Antilles, dans les Iles du Nord. C’est lui qui supervise l’approvisio­nnement en électricit­é de Saint-Barthélemy. Et qui, au lendemain du passage d’Irma, a dû remettre en état avec ses équipes un réseau dévasté par le cyclone. «Les premiers secours extérieurs ne sont arrivés que le dimanche, soit cinq jours après le passage d’Irma, explique-t-il. Pendant tout ce temps, on était un peu les oubliés du monde, livrés à nousmême ». Pourtant, Christophe le sait: il y a urgence. D’autant plus qu’un nouvel ouragan menace déjà. « Il fallait au plus vite rétablir les clients prioritair­es que sont les hôpitaux, les centres de dessalemen­t pour que la population puisse avoir accès à l’eau potable, le principal supermarch­é pour l’approvisio­nnement en nourriture, les pompiers, la police et les trois centres d’hébergemen­t parce que José arrivait… Cela a été fait en trois jours, souligne le responsabl­e d’Enedis, non sans un brin de fierté. Les équipes ont fait un travail extraordin­aire. » D’autant qu’elles n’avaient évidemment pas été épargnées par le cyclone.

« On réalise qu’on a failli mourir »

Christophe non plus. « Sur le moment, j’ai focalisé sur mon boulot parce que c’était ma responsabi­lité… Et j’ai dû laisser ma famille, avec une petite fille de 3 ans et demi dans une maison éventrée. Le toit a été emporté. » Finalement, au bout d’une semaine, Christophe a été évacué en hélicoptèr­e par sa direction régionale. Avec sa femme et sa fille, ils sont désormais en Guadeloupe, à l’hôtel. Où ils tentent de gérer l’après. Car évidemment on ne sort pas indemne d’une telle catastroph­e. « Sur le moment on est dans l’action, en mode survie. Finalement on n’a pas le temps d’avoir peur, explique-t-il. J’avais sécurisé la maison, mais un ami qui a vécu Luis il y a des années m’a dit : “Elle ne va pas tenir, viens chez moi. ” Il s’est construit un véritable blockhaus. Et malgré tout, on a bien cru que les portes allaient céder. On a dû les renforcer avec des planches, des meubles, des matelas… Ça pleurait dans la maison. Franchemen­t on s’est vu mourir. Mais ce n’est finalement qu’après, une fois qu’on est sorti, qu’on a réalisé en voyant le désastre.» Christophe se demande bien comment il n’y a pas plus de victimes… Et remercie le ciel que José, le second ouragan qui trois jours après Irma menaçait à son tour Saint-Barthélemy, ait épargné l’île. Cette peur rétrospect­ive, la famille Ruff l’évacue peu à peu dans un hôtel de Guadeloupe. Car Christophe pense déjà à reprendre ses fonctions pour achever le travail qu’il a commencé dans l’urgence avec ses équipes et reconstrui­re le réseau électrique de Saint-Barth.

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Christophe Ruff et sa famille sont encore aux Antilles.

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