Laurence Sailliet, candidate à la présidence de LR : «Notre projet doit repartir du terrain»
Cette mère de famille de 44 ans est encore inconnue du grand public. Laurence Sailliet est pourtant la première à avoir déclaré, en juillet, sa candidature à la présidence des Républicains. Battue trois fois aux législatives en 2007, 2012 et 2017, cette nutritionniste, membre du bureau politique de LR et proche de Xavier Bertrand, défend sa vision d’une droite libérale et ouverte, qui redonne vraiment la parole aux militants. J’aurais pu aller sur des territoires faciles et gagner des élections, mais je me suis présentée sur un territoire difficile (la circonscription des Français de l’étranger, qui englobe l’Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre, ndlr). Et puis Emmanuel Macron n’avait jamais été élu auparavant avant de devenir ministre puis président de la République. Aujourd’hui, le sujet est de refonder le parti. Il faut pour cela du temps et de l’engagement auprès des militants. Si l’on veut choisir le prochain candidat à l’élection présidentielle, on se trompe d’élection. D’abord, au niveau de notre organisation, il est absolument nécessaire de redonner la parole aux militants et pas juste de le dire. Je préconise qu’on installe au bureau politique la moitié de militants et la moitié d’élus. Les militants doivent entrer dans la gouvernance du parti de manière effective. Je veux aussi qu’on leur redonne la main sur l’élaboration du programme. C’est pour cela que je prône des journées thématiques, au cours desquelles ils seront amenés à faire des propositions. Notre projet doit repartir du terrain. Enfin, je propose la mise en place de commissions locales d’investiture, pour qu’à nouveau les décisions émanent de la base. Le problème des Républicains, aujourd’hui, est que tout part du siège de la rue Vaugirard. Or, après deux campagnes dramatiques, nos militants ont envie de reprendre les choses en main. Quand on est coupé des militants, on est coupé des Français.
Ce discours de rapprochement avec les militants, les autres candidats, notamment Daniel Fasquelle, le tiennent aussi… La liberté, d’entreprendre comme de vivre sa vie personnelle. De tous les candidats, je pense être la seule à ne pas être dans un esprit réactionnaire. Les positions dures sur le sociétal nous coupent d’une grande partie de la société. Vous parliez de Daniel Fasquelle. Il y a deux ans, il suggérait de permettre aux enfants adoptés par un couple homosexuel de renier leur filiation. Maël de Calan et Florence Portelli, même s’ils s’en défendent désormais, ont pu être sensibles eux aussi à ce type de discours. Concernant la liberté d’entreprise, nous sommes plusieurs à la porter, sauf que moi je possède l’expérience de l’entreprise. Je ne suis pas une héritière de la politique.
Wauquiez élu, vous craignez que LR se droitise à l’excès ? Je pense que le Wauquiez bashing n’est pas ce qu’attendent nos militants dans ce débat. Laurent Wauquiez est sur une ligne dure, qui n’est pas la mienne, mais ce sera aux militants de trancher. Mon premier souci est de réunir mes parrainages ( militants, et parlementaires, avant le octobre, ndlr), sachant que j’ai la difficulté de ne pas disposer des fichiers du parti. Par rapport aux autres, mon parcours et ma façon d’appréhender les choses me différencient. Depuis , on se donne en spectacle avec des conflits internes et on passe beaucoup trop de temps à vouloir couper des têtes. Les « Constructifs » prendront les décisions qu’ils trouveront utiles. Mais essayer de dégommer trois ou quatre têtes en essayant de leur faire porter la responsabilité de notre défaite est stupide. La raison de notre échec réside dans le maintien de François Fillon. Dans une équipe de foot, quand le capitaine est blessé, il se retire. Nous, il est resté et toute la droite est allée dans le mur. Si les « Constructifs » existent, c’est d’abord parce qu’on a perdu la présidentielle.