«Je me sens responsable de cette oeuvre»

Ilia Melia parle un français presque parfait. Il le doit à ses nombreuses années d’apprentissage à l’école française de Moscou. Son amour pour la France remonte à cette époque. Il se forge un peu plus depuis une dizaine d’années.

Comment en êtes-vous arrivé à acquérir cette demeure si particulière ? On a connu Carole Weisweiller par l’intermédiaire d’un ami peintre, à Paris. Elle voulait vendre à quelqu’un qui comprenait l’histoire de la villa et la conserverait. Nous sommes des amoureux de la culture française et nous voulons participer à la conservation de son patrimoine.

Les travaux sont si urgents ? On ne peut pas perdre de temps. Il faut restaurer les oeuvres : il y a des problèmes d’étanchéité. Il faut refaire la toiture, l’électricité, la plomberie. Tout s’est accéléré depuis trois ans : l’humidité, surtout au rez-de-jardin, endommage les peintures. Les dégradations se sont gravement accentuées.

Les fresques sont-elles en danger ? On ne peut pas parler de fresques, il s’agit de peintures murales. Jean Cocteau a peint d’une simple couche, c’est très fragile. Personne à l’époque, et sûrement pas lui, ne pensait que ça entrerait au patrimoine. Comment la rénovation sera opérée ? Aujourd’hui, je me sens responsable de cette oeuvre. Il y a plusieurs façons de la restaurer : je préfère rester authentique. On va essayer de fixer les couches de peinture et de les renforcer. Certaines ont été repeintes dans les années . Ça a perdu un peu d’authenticité et cela altère le trait génial de Cocteau.

Qui va s’en charger ? J’ai choisi Florence Cremer. L’équipe a déjà passé un mois sur place pour l’étude. Ils ont scanné tous les murs centimètre par centimètre. Ça va durer au minimum dix mois et nous menons le projet avec l’architecte du Patrimoine, la direction régionale des affaires culturelles et l’architecte des Bâtiments de France.

Quelles conséquences sur l’ouverture au public ? La villa Santo Sospir restera ouverte aux amoureux de Cocteau. Ça ne sera jamais lié à l’argent. Les visites seront possibles sur rendez-vous. Elles seront guidées par quelqu’un d’unique, Éric Marteau qui connaît les lieux depuis vingt-trois ans. Le génie de Cocteau, l’atmosphère des lieux… Il sait les transmettre à merveille. Il amène quelque chose de plus à chaque fois.

Vous avez d’autres projets ? Je suis membre du comité Jean Cocteau et je souhaite aussi que la villa devienne un lieu culturel : un concert de Norah Amsellem et Philippe Entremont ainsi qu’une lecture de textes par Francis Huster seront organisés vendredi et samedi prochains (). Une exposition de Kevin Gray est également en cours d’installation.

1. La soirée de vendredi affiche complet. Réservations obligatoires pour samedi 04.93.76.00.16. ; santosospir@aliceadsl.fr 60 € (soirée-concert et cocktail).