Monaco-Matin

Ornella Ongaro cible le 

Après une parenthèse forcée de deux ans sans course, la Cannoise enchaîne à nouveau les coups d’éclat. Avec l’ambition de poursuivre sa montée en puissance au guidon d’un gros cube

- GIL LÉON

Elle court, elle court, elle court... à pied. Dans le paddock du 81e Bol d’Or, le week-end dernier, Ornella Ongaro n’a pas revêtu son habit de lumière. Si plusieurs pilotes féminines se sont mises en évidence sur la piste varoise de la manche d’ouverture du championna­t du monde d’endurance, la Cannoise, elle, rongeait son frein en coulisse. « Bien sûr que je préférerai­s tutoyer la limite au guidon », lâche-t-elle quand on lui demande le motif de sa présence au Castellet. « Ma dernière course date du 30 juillet. Un mois et demi sans chrono, ça commence à faire long. Mais voilà, je suis venue pour démarcher des partenaire­s potentiels car mon avenir, à court et moyen termes, a aujourd’hui la forme d’un énorme point d’interrogat­ion. »

« Je veux une moto qui a des watts ! »

Ornella a beau multiplier les coups d’éclat ici et là, le « nerf de la guerre » fait encore et toujours défaut : « D’abord, parce que je vis à Cannes, on croit que je suis pleine aux as alors que j’ai grandi dans une famille modeste. Et puis une fille qui bouscule les hommes, ça demeure mal perçu dans ce petit monde de la moto assez conservate­ur. Pas facile de tracer sa route, mais je ne baisserai pas les bras. » Contrainte de mettre sa passion entre parenthèse­s durant deux ans à cause d’un problème de santé et d’un accident de la route, la native de La Bocca a réussi un retour gagnant la saison passée sur la scène hexagonale de la Honda CBR500R Cup. « Cette coupe monotype disputée dans le cadre du FSBK (le championna­t de France Superbike, ndlr) m’a remis dans le bain de la compet’. » Jusque-là, jamais une représenta­nte de la gent féminine n’était parvenue à damer le pion à ces messieurs... « J’ai décroché deux victoires : Nogaro, sous la pluie, Ledenon, le jour de la fête des mères, où je colle 31’’9 au deuxième ! J’ai aussi obtenu une pole position. Et le titre était à ma portée mais une chute lors de l’avant-dernière étape me coûte cher à l’heure du bilan (3e) .» 2017 ? Alors qu’elle pense opérer son come-back en 600cc, l’opportunit­é d’enclencher la vitesse supérieure jaillit. Direction l’Italie pour se frotter aux gros bras de la très relevée Yamaha R1 Cup. «Depuis mon succès à la Women’s Cup, une épreuve qui réunissait 85 filles en lever de rideau des 24 Heures du Mans 2016, où je pilotais une GSXR du Suzuki Endurance Racing Team, le 1000cc constitue mon objectif prioritair­e. Aujourd’hui, à bientôt 27 ans, je veux une moto qui a des watts ! » Face à des spécialist­es ô combien aguerris, dont certains ayant évolué en World SBK, le challenge s’annonçait pour le moins ardu. « J’ai découvert la moto lors de l’épreuve d’ouverture, à Imola. Chaque week-end, on démarre un peu sur une feuille blanche. Il faut apprendre le circuit, trouver les réglages. Mais ça va de mieux en mieux. Avant le break estival, à Misano, j’ai gagné la catégorie Performanc­e tout en finissant dans le top 10. »

La piste de l’endurance à l’étude

Deux virages restent à négocier : le Mugello ce week-end, puis Vallelunga dans trois semaines. « Sans le complément de budget indispensa­ble, je vais peut-être devoir tirer un trait sur la finale. Même chose concernant la manche française du WSBK programmée entre temps à Magny-Cours (29 septembre-1er octobre), où l’on m’a accordé une wild-card pour rouler en Superstock. » Dans le paddock du circuit Paul-Ricard, Ornella Ongaro lorgnait déjà au-delà. « Avec Gilles (Amat, le manager niçois de Vincent Philippe qui l’aide à monter en puissance), nous planchons sur le programme 2018. Différente­s pistes sont à l’étude, côté vitesse mais aussi sur le front de l’endurance où l’on a noué quelques contacts intéressan­ts dans la perspectiv­e des prochaines 24 Heures du Mans (21-22 avril). Plusieurs séances d’essais pourraient d’ailleurs meubler l’hiver... » Tombée raide dingue des gros cubes, l’ambassadri­ce de la Croisette n’a qu’une cible en tête : mettre dans le mille !

 ?? (Photos Dominique Leriche et Andrea Bonora) ?? En apprentiss­age accéléré sur les pistes italiennes de la Yamaha R Cup, cette saison, Ornella Ongaro espère continuer au guidon d’une cc l’an prochain. Vitesse ou endurance ? Son coeur balance...
(Photos Dominique Leriche et Andrea Bonora) En apprentiss­age accéléré sur les pistes italiennes de la Yamaha R Cup, cette saison, Ornella Ongaro espère continuer au guidon d’une cc l’an prochain. Vitesse ou endurance ? Son coeur balance...

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