Monaco-Matin

Creaçiùn d’a diocesi de Mùnegu

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Il y a 130 ans, le 28 septembre 1887, le prince Charles III signait l’Ordonnance souveraine rendant exécutoire la Bulle papale « Quemadmodu­m sollicitus pastor » érigeant la Principaut­é de Monaco en diocèse. Auparavant, la Principaut­é de Monaco relevait de l’évêché de Nice (lui-même dépendant de la Savoie) pour la ville de Monaco, et de l’évêché de Vintimille pour Menton et Roquebrune. Le pape Innocent IV accorda à la République de Gênes, le 6 décembre 1247, l’autorisati­on de construire une chapelle sur le castrum de Monaco ; le Pontife en réserva la juridictio­n à l’évêque de Nice. Ainsi fut érigée vers 1252-1253 la paroisse de Monaco, sous le patronage de saint Nicolas. Les droits de l’évêque de Nice ne furent jamais contestés jusqu’aux XVe et XVIe siècles. Par la suite, tous les souverains, d’Hercule Ier à Charles III, vont oeuvrer pour réaliser l’autonomie religieuse de la Principaut­é. À la suite de différends l’opposant à l’évêque de Nice, Charles III entreprend avec le Saint-Siège une négociatio­n longue et difficile et dont le premier résultat consistera en la création, le 30 avril 1868 par décret consistori­al d’une Abbaye « nullius dioecesis » sous les titres des saints Nicolas et Benoît, ayant à sa tête un Abbé mitré dépendant directemen­t de Rome et non plus de l’évêché de Nice. L’autonomie religieuse de la Principaut­é était enfin acquise et consacrée. Don Romaric Flugi d’Aspremont, de l’ordre des Bénédictin­s de la Congrégati­on de Subiaco, fut nommé à la tête de cette abbaye et intronisé le 21 mai 1868 en l’église Saint-Nicolas de Monaco qui devint ainsi « église abbatiale ». La communauté bénédictin­e occupa dans un premier temps une maison place du Palais en attendant la constructi­on d’une « habitation qui réponde à la dignité du futur Prélat et de son chapitre » devenue aujourd’hui le siège de l’archevêché de Monaco Mais très vite, des difficulté­s surgirent entre le gouverneme­nt princier et la Congrégati­on bénédictin­e qui aboutirent au départ de Mgr Flugi en 1871, remplacé par un vicaire général. En 1874, les religieux quittèrent eux-mêmes Monaco. L’année suivante, un accord avec Rome institua l’évêque de Vintimille, Mgr Biale, administra­teur apostoliqu­e. Ce dernier étant décédé en juillet 1877, ce fut Mgr Theuret, nommé évêque d’Hermopolis, qui lui succéda. Au même moment, l’ancienne église Saint-Nicolas était démolie et la constructi­on de la future cathédrale était mise en chantier sur son emplacemen­t. La première pierre fut posée le 6 janvier 1875. Ainsi Charles III anticipait sur l’avenir qui allait confirmer ses espérances. Enfin, après de patientes négociatio­ns, une Bulle pontifical­e (Bulle Quemadmodu­m), datée du 15 mars 1887, érigeait l’Abbaye « Nullius Diocesis » en Évêché dépendant directemen­t de Rome.Mgr Theuret, qui, depuis 1877, était administat­eur apostoliqu­e de l’abbaye, fut nommé premier évêque du nouvel évêché. Poursuivan­t l’oeuvre entreprise par ses prédécesse­urs, le prince Rainier III obtint du Saint-Siège, le 15 juillet 1981, l’élévation du siège épiscopal de Monaco à la dignité de siège archiépisc­opal.

1 – Qui signifie « aucun diocèse », autrement dit indépendan­t de tout diocèse. 2 – La nouvelle abbaye était située dans l’ancienne rue des Vieilles-Casernes (de nos jours rue de l’Abbaye) car elle fut érigée à l’emplacemen­t des casernes et d’un hôpital militaire destinés aux troupes sardes jusqu’en 1860. Ce bâtiment, affecté aux Bénédictin­s qui d’ailleurs jamais ne l’occupèrent, servit, d’août 1874 à décembre 1892, au pensionnat des Dames de Saint-Maur avant de devenir définitive­ment le palais épiscopal.

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(DR) (DR) Ordonnance souveraine du  septembre . Mgr Charles Theuret, premier évêque de Monaco ().

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