Les maires azuréens ont mal à leur porte-monnaie
Étranglés par la baisse des dotations de l’État, les édiles ont dit leur inquiétude hier. Le préfet et les députés LREM ont tenté de les rassurer sur les engagements financiers du gouvernement
On en a marre! Nous, les maires des petites communes, nous comptons sous et centimes. Nous balayons, nous débouchons les égouts et on nous demande de faire encore des économies, alors que les intercommunalités nous coûtent les yeux de la tête, sans que l’on puisse y mettre les compétences que nous souhaitons. Trop, c’est trop ! » Denise Leiboff, maire du village de Lieuche, a conquis sa minute de gloire en relayant, volcanique et sans filtre, la colère des élus locaux, hier lors de l’assemblée des maires azuréens. Comme depuis plusieurs années maintenant, cette réunion a servi de déversoir à la lassitude des édiles, «accablés tout à la fois par une avalanche de décrets et normes, et la baisse des dotations de l’État », ainsi que l’a déploré en préambule l’hôte de la manifestation, le maire de Mandelieu Henri Leroy. «La colère sourde des élus locaux, confrontés à une baisse drastique et continue des dotations», Honoré Colomas, président de l’Association des maires des Alpes-Maritimes, en est l’inlassable réceptacle. Hier, il a donc soumis à ses ouailles une proposition de délibération, à faire voter par tous les conseils municipaux qui le souhaiteront. Partant du principe «que toutes les décisions de nos gouvernements organisent la suppression des communes», le texte liste une série de revendications : prise en compte de la superficie des territoires dans le calcul des dotations ; maintien de celles-ci à leur niveau de 2017 ; pérennisation des contrats aidés; caractère libre et non imposé des transferts de compétences; possibilité de modifier les périmètres des intercommunalités… Mais le casse-tête des maires est d’abord financier. Alors que l’État a baissé, à l’échelle nationale, leur dotation globale de 10 milliards depuis cinq ans, ils redoutent de voir 13 milliards supplémentaires leur filer sous le nez d’ici à 2022. Face à ces élus remontés ou désabusés, deux hommes et une femme ont tenté de faire valoir la position du gouvernement. Les deux députés de La République en marche !, Alexandra Valetta-Ardisson et Loïc Dombreval, puis le préfet, Georges-François Leclerc, ont avancé des arguments de nature à rassurer.
L’art d’économiser
«30000 emplois aidés vont être rajoutés d’ici à la fin de l’année et 200000 seront financés dans le secteur non marchand en 2018… Si 300 millions de dotation ont bien été supprimés en 2017, ils seront plus que compensés par 384 millions supplémentaires l’an prochain. Pour la première fois depuis quatre ans, il n’y aura donc pas de baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour les communes en 2018», ont plaidé Alexandra ValettaArdisson et Loïc Dombreval. « Et les économies à venir se feront sur la base d’un pacte de confiance avec les collectivités. Rien ne sera retranché en amont. L’État va contractualiser la baisse prévue de 13 milliards en regardant celles qui feront attention à leurs dépenses de fonctionnement et privilégieront l’investissement. Il y aura une régularisation a posteriori», a précisé le préfet, relayant les engagements du Premier ministre. Aux collectivités, donc, de se montrer exemplaires. L’argument n’a pas
convaincu les parlementaires LR Jean-Pierre Leleux et Bernard Brochand, encore moins la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone. Cette dernière a dénoncé «un été meurtrier pour les collectivités locales » et vu dans la suppression de la taxe d’habitation «un racolage électoral qui va priver les communes de leur principale ressource ». Le maire communiste de Contes, Francis Tujague, a abondé
dans son sens, estimant que le contrat de confiance pour faire des économies relevait «d’une mystification et d’une remise en cause de la libre administration des communes». Sur une position médiane, le sénateur-maire LR de Cagnes Louis Nègre a salué la stabilité de la DGF en 2018, tout en redoutant que «les 13 milliards d’économies soient à réaliser en quatre ans au lieu de cinq»…