L’enjeu des sénatoriales
Session de rattrapage pour les partis de droite et de gauche emportés au printemps dernier par l’ouragan Macron ou scrutin de confirmation d’un mouvement profond de renouvellement de notre vie politique ? Les élections sénatoriales de demain, qui verront candidats briguer l’un des fauteuils de la Haute Assemblée soumis à renouvellement, ont une réelle valeur de test. Certes, le système électoral en vigueur – le suffrage indirect qui ne concerne donc que des grands électeurs, les élus locaux et nationaux – tempère la signification de cette consultation. Néanmoins, elle boucle une année exceptionnelle. Ce vote devrait montrer si la percée de La République en marche ! (REM) touche les strates profondes de notre vie publique ou révéler la capacité de résistance du monde dit d’hier. Est-il définitivement périmé ou encore capable de retrouver ses esprits ?
« Ce vote devrait montrer si la percée de La République en marche ! touche les strates profondes de notre vie publique ou révéler la capacité de résistance du monde dit d’hier. »
Après la victoire par K.-O. de ses troupes aux législatives de juin, le chef de l’État n’a pas vraiment dissimulé qu’il espérait un grand chelem et provoquer un séisme électoral au Sénat pour y faire voler en éclats la majorité de droite. Un espoir au demeurant légitime. Mais l’été est passé par là et le doute s’est installé sur ce razde-marée espéré. La dégringolade du Président dans les sondages a changé la donne. Jupiter n’est plus aussi dominateur et les ralliements à sa cause sont moins enthousiastes. Faire allégeance est, à présent, moins prometteur qu’il y a trois mois. Le mode de scrutin complique, en outre, les choses. Il produit presque mécaniquement le résultat car les électeurs sont les vainqueurs des consultations locales des trois dernières années : municipales, départementales, régionales. Une vague bleue a déferlé sur ces scrutins, annonçant, d’ailleurs, le rejet massif de François Hollande. Normalement, la droite devrait donc conforter sa domination sénatoriale. Mais le choc Macron l’a divisée en même temps, d’ailleurs, que la gauche. Résultat, dans tous les départements qui vont voter, règne la dispersion des candidatures. Même le président sortant du Sénat, Gérard Larcher, va devoir affronter trois candidats issus de sa famille politique dans les Yvelines ! Ces dissidences de droite et de gauche font, évidemment, le jeu de REM. Le parti présidentiel débauche de tous les côtés pour fracturer les forces traditionnelles. Habile stratégie qui consiste à troubler l’eau, donc les esprits, pour faire voter en eaux troubles, donc à l’aveuglette. Le terrain est d’autant plus favorable à cette manoeuvre que % des sénateurs sortants ne se représentent pas. Le vent du renouvellement pourrait donc souffler aussi sur cette élection. À moins que la défiance qui perce dans l’opinion ne redonne du tonus à des forces traditionnelles que le président pensait avoir terrassées.