Monaco-Matin

Levothyrox : le plaidoyer des victimes

La Mouginoise qui avait déposé la première plainte contre le laboratoir­e Merck, en annonce une nouvelle avec une centaine de malades. En attendant, elle a saisi le tribunal administra­tif de Nice

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Elle n’a pas laissé passer l’occasion. Dossier en mains, arguments affutés, Anne-Catherine ColinChaul­ey a profité de la visite de la ministre de la justice à Nice, hier, pour l’interpelle­r sur ce dossier qui la ronge, tant physiqueme­nt que moralement : celui du Levothyrox. Un médicament qu’utilisent trois millions de Français. Ils sont des centaines à se plaindre des effets secondaire­s induits par sa nouvelle formule. A l’instar de cette Mouginoise, qui a lancé une fronde collective. «MaTSH [l’hormone qui stimule la thyroïde, ndlr] s’est complèteme­nt effondrée. Je suis comme une pile électrique, 24 heures sur 24. Et nous avons tous les mêmes symptômes », explique Anne-Catherine Colin-Chauley. Avocate au barreau d’Ajaccio, elle avait déposé la première plainte en France contre le laboratoir­e Merck, le 28 août dernier, pour « mise en danger de la vie d’autrui ». « Depuis, j’ai reçu des centaines d’appels », explique la Mouginoise, hier, devant le palais de justice de Nice. Un collectif « Alerte thyroïde » a été constitué, enregistré à la préfecture des Alpes-Maritimes sous forme d’associatio­n loi 1901 (www.alertethyr­oide.fr). Et c’est bien en mode « l’union fait la force » que les malades espèrent obtenir gain de cause. « Avec une centaine de personnes, nous allons déposer une plainte collective auprès du parquet saisi, à savoir celui de Marseille », annonce Me Colin-Chauley. La plainte, précise-t-elle, sera déposée « dans une dizaine de jours ». En attendant, dès hier matin, la Mouginoise a saisi le tribunal administra­tif de Nice de cette affaire qui défraie la chronique. Une requête en référé-instructio­n, « pour savoir ce qui s’est passé ». Et une requête aux fins de mesures utiles, « contre l’abus de position dominante du laboratoir­e Merck, afin d’obtenir le retour de l’ancienne formule du médicament ».

Elle interpelle la garde des Sceaux

Avec cette double offensive, Anne-Catherine Colin-Chauley saisit donc l’Etat et les différents acteurs concernés : l’Agence nationale du médicament, les ministres de la Santé et de l’Economie. Hier midi, elle a interpellé un autre membre du gouverneme­nt : Nicole Belloubet, en visite à Nice (lire nos pages Côte d’Azur). « Je lui ai expliqué mes démarches. Elle était au courant. Elle m’a expliqué que la ministre de la Santé avait pris des mesures, afin de faire importer l’ancienne formule de l’étranger de manière transitoir­e. Mais ce qu’on veut, c’est un retour pérenne à cette formule ! » A défaut, l’Azuréenne est allée acheter le Levothyrox « ancienne formule » en Italie. « Je n’ai plus les crampes, les maux musculaire­s dans le bras... L’équilibre revient tout doucement. Il faudra 4 à 5 semaines. Mais j’aimerais que tous les personnes dont la thyroïde dysfonctio­nne puissent avoir accès à cette ancienne formule, sans devoir se rendre en Italie ! »

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(Photo C.C.) Anne-Catherine Colin-Chauley, hier, devant le palais de justice de Nice où s’est rendue la ministre.

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