Monaco-Matin

Marlon: «Ici, il y a tout»

Prêté par le FC Barcelone dans les derniers jours du mercato, Marlon a accordé son premier entretien à Nice-Matin. Le défenseur brésilien se sent déjà comme chez lui sur la Côte d’Azur

- VINCENT MENICHINI

Un contrat profession­nel, l’Europe, Barcelone, Nice… Pour Marlon, gamin des favelas, cela ressemblai­t à un mirage. « Cela me paraissait inatteigna­ble », résume-t-il au détour de l’entretien qu’il nous a accordé il y a quelques jours du côté de Charles-Ehrmann. Accompagné d’un membre de la cellule de communicat­ion, qui a joué avec brio les traducteur­s, le défenseur brésilien a raconté les premiers chapitres de sa vie, dont celui qui l’a mené jusqu’au maillot rouge et noir qu’il portera lors des deux prochaines saisons. Une très bonne nouvelle au vu de son adaptation express sur la Côte d’Azur.

Marlon, est-ce un hommage à Marlon Brando ? (Sourires). Absolument. C’est mon père qui a choisi ce prénom car il est fan de Marlon Brando. J’en connais un autre au Brésil, il joue latéral gauche à Fluminense.

Vous vous êtes renseigné sur l’idole de votre père ? Oui, je sais qu’il était proche de Michael Jackson et qu’il aimait danser avec lui. Mon père aimait aussi énormément Michael Jackson donc tout est lié (rires).

Racontez-nous votre enfance au Brésil… Ce fut difficile. J’ai dû surmonter plein de galères avec ma famille. Grâce à Dieu, à mon père et à ma mère, je m’en suis sorti. Ce n’était pas facile. Tout a changé quand j’ai commencé à jouer au football.

Vous avez grandi dans une des nombreuses favelas de Rio de Janeiro... Oui, je suis né plus précisémen­t à Vila Aliança Bangu. C’est là-bas que j’ai appris beaucoup de choses. On avait des soucis financiers, des difficulté­s pour se déplacer. On devait demander de l’argent à droite, à gauche. Beaucoup de personnes nous ont aidés et on a réussi à sortir de là. J’ai pu étudier jusqu’à mes  ans, mais quand j’ai commencé à jouer à Fluminense, c’est devenu trop compliqué. Je n’avais plus le temps. Je devais me concentrer uniquement sur le foot. A l’avenir, j’aimerais reprendre mes études. Le football a changé votre vie et celle de vos proches… Complèteme­nt. J’ai commencé à taper mes premiers ballons dans la rue, pieds nus. D’ailleurs, quand je rentre au Brésil, le foot, c’est comme ça qu’on y joue, sur la plage avec les amis. C’est en moi.

Je me prenais pour Ronaldinho, mais...”

Enfant, songiez-vous à devenir profession­nel ? Cela me paraissait bien loin, voire inatteigna­ble. Certaines personnes croyaient en moi, d’autres moins. Mais tout a changé quand j’ai rejoint Fluminense en , alors que je jouais milieu de terrain à Vasco de Gama. Mon passage en défense a changé ma vie et celle de mes proches.

En , vous avez  ans quand le Brésil remporte la Coupe du monde. Un souvenir mémorable ? Oh oui… C’était incroyable ! Mon père avait un bar, tout le monde était là. Nous, les enfants, nous jouions dans la cour pendant que les anciens regardaien­t la télévision. On jetait un oeil sur les matchs entre deux actions. Et le jour de la finale, on s’est tous retrouvés pour faire la fête. Un moment inoubliabl­e.

Qui était votre idole ? Je me prenais pour Ronaldinho. Mais j’ai très vite compris que personne ne pourrait l’égaler. Mais celui qui m’inspire depuis mes débuts, c’est Thiago Silva. Il a débuté comme moi à Fluminense.

L’Europe, ça représenta­it quoi lorsque vous étiez au Brésil ? Le meilleur football du monde. Mais de là à penser qu’un jour, je viendrais pour jouer… Je songeais déjà à intégrer l’équipe première de Fluminense avant de penser à quitter le Brésil.

A l’été , vous débarquez au FC Barcelone, le plus grand club du monde... C’était une opportunit­é en or, un rêve, un don du ciel. Attention, désormais, je ne pense plus qu’à Nice. Mais, oui, c’était incroyable de me retrouver au Barça avec les meilleurs joueurs du monde. Je n’y croyais pas lors de mes

premières séances au milieu des Messi, Neymar, etc.

A l’entraîneme­nt, il ne fallait pas trop chatouille­r les chevilles de Léo Messi ? Honnêtemen­t, il valait mieux être dans son équipe pour ne pas trop souffrir. Quand vous l’avez en face, vous ne pouvez pas tacler. Il faut respecter les anciens. J’ai également eu la chance de jouer en défense avec Mascherano, Piqué et Umtiti. J’ai beaucoup appris.

Pourquoi avoir choisi Nice ? Il y a eu un intérêt commun. J’en ai parlé avec ma famille. C’est un beau défi. Je connaissai­s Dante, Balotelli, le coach aussi. J’ai également discuté avec Ter Stegen (le gardien de Barcelone qui a été lancé en profession­nel à M’Gladbach par Lucien Favre, NDLR). Mais j’ai également fait quelques recherches sur Internet. A Nice, tout est réuni pour faire de belles choses : un beau stade, un nouveau centre d’entraîneme­nt, de grands joueurs comme Dante, Mario (Balotelli), Plea, Sneijder, Seri, Souquet et une philosophi­e de jeu qui me correspond.

Vous avez connu des débuts parfaits avec cette victoire dans le derby contre Monaco. Aviez-vous de l’appréhensi­on avant ce rendez-vous?

C’était un vrai défi, car en face il y avait Falcao. Gagner un derby, c’est toujours important. Mieux, on y est parvenu en proposant du jeu et en se montrant agressif. C’était fantastiqu­e.

Quel genre de défenseur pensez-vous être ? Le défenseur parfait, c’est Thiago Silva. Mais je suis encore très, très loin de son niveau. J’apprends chaque jour. Je m’inspire aussi de Mascherano, Piqué, Sergio Ramos. Ce sont les meilleurs, des exemples, des sources d’inspiratio­n.

Est-ce une aubaine de retrouver Dante à Nice ? Oui, c’est merveilleu­x d’évoluer au côté d’un tel joueur et d’une telle personne. Je suis très heureux d’être ici. On va se retrouver bientôt autour d’un barbecue. C’est essentiel de prendre du bon temps et de se déconnecte­r du football.

Je ne pense plus qu’à Nice”

Avant vous, de nombreux Brésiliens ont brillé sous le maillot du Gym. Pourquoi la côte d’Azur vous réussit si bien ? C’est un tout. Les gens du club sont adorables, les Niçois sont chaleureux. Il y a la mer, le soleil, ça rappelle le Brésil. On a besoin de bien se sentir pour donner le meilleur de nous-mêmes. La joie de vivre est une donnée essentiell­e chez nous. Ma famille va me rejoindre bientôt. C’est ce qui compte le plus pour moi.

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