La réforme de l’impôt sur la fortune agite la majorité
Un yacht, c’est m’as-tuvu, ce n’est pas productif pour l’économie. » Voilà comment le rapporteur du budget, Joël Giraud, a justifié sa volonté de retoucher certains aspects de la réforme de l’impôt sur la fortune (ISF), dans les colonnes du Parisien hier. Cette réforme inquiète certains députés de la majorité, qui demandent à « revoir » la taxation sur les produits de luxe. Une démarche qui est cependant accueillie avec réserve par le gouvernement.
, milliards d’euros de manque à gagner
« La nouvelle fiscalité en faveur du patrimoine permettra de réinjecter des liquidités dans l’économie » mais «je pense qu’il y a des choses à revoir », a poursuivi celui qui est aussi député des Hautes-Alpes, ancien du PRG, et désormais membre de la majorité présidentielle. « Les yachts, les jets privés, les chevaux de course, les voitures de luxe ou encore les lingots d’or ne sont plus pris en compte » dans le nouveau dispositif. « Ce n’est pas possible! Des symboles de ce genre doivent être beaucoup plus taxés », a-t-il ajouté. Un message qui illustre le malaise suscité dans une partie de la majorité par la réforme de l’ISF, mesure phare – mais aussi la plus controversée – du projet de loi de finances (PLF) 2018. L’ISF, qui touche aujourd’hui 351 000 foyers, va en effet disparaître au 1er janvier, pour céder la place à un « impôt sur la fortune immobilière » (IFI), dont seront exemptés les valeurs mobilières et les placements (actions, assurance-vie...). Ce recentrage, destiné à stimuler l’activité en encourageant les contribuables les plus aisés à investir dans « l’économie réelle », devrait entraîner un manque à gagner de près de 3,2 milliards d’euros pour l’État. Une ardoise jugée colossale par la gauche, mais aussi par certaines ONG et syndicats, qui ont émis des doutes sur les retombées économiques de la réforme. « Il vaut mieux être rentier, être un spéculateur, plutôt qu’un travailleur parce que ça rapporte beaucoup plus. Vivez dans un yacht, ça coûte moins cher », a ainsi ironisé le député PS Olivier Faure.