FRENCH RIVIERA OPEN Jeremiasz : son combat quotidien
Changer les regards. Faire évoluer les mentalités. Pour Michael Jeremiasz (35 ans), le combat dure depuis des années. Dix-sept exactement. Depuis un accident de ski à Avoriaz qui l’a rendu paraplégique, le Parisien s’est toujours battu. Pour lui, d’abord. Pour les autres, ensuite. «On [les personnes handicapées, ndlr] reste une des minorités les plus discriminées dans la société. Chez les adultes, il faut déconstruire des dizaines d’années de peur, d’appréhension, d’ignorance », glisse-t-il. Ex-numéro 1 mondial de handi-tennis, Michael Jeremiasz constate l’avancée des mentalités. Doucement, mais sûrement. Depuis cette année, il est d’ailleurs à la tête de la première édition du French Riviera Open, tournoi de handi-tennis organisé à l’académie Mouratoglou à Sophia-Antipolis. Le résultat d’une longue amitié avec le fondateur des lieux. « Michael était arrivé à l’académie après son accident en me demandant si je pouvais l’aider, témoigne Patrick Mouratoglou. Il y a quelques mois, il m’a fait part de son envie d’organiser cet open. C’est un régal de bosser avec lui ! » De catégorie ITF 2, l’équivalent d’un 250 dans le circuit ATP, le tournoi rassemble quelquesuns des meilleurs joueurs mondiaux. « On veut s’inscrire sur le circuit, assure Michael Jeremiasz. On essaie de contribuer à changer le regard sur le handicap. » Vainqueur de plusieurs tournois du grand chelem, le porte-drapeau des derniers Jeux Paralympiques a depuis rangé la raquette.
« Perché » sur la foule
Mais son investissement, lui, ne cesse pas. L’été dernier, on pouvait même le voir au-dessus de la foule lors d’un festival de musique à Belfort (90), les bras tendus vers le ciel. « Le sport, c’est bien. Mais il n’y a pas que ça. Les Eurockéennes, c’est un des festivals de musique les plus accessibles pour les personnes handicapées. Cette année, j’avais envie de traverser la foule. Les photographes ont vu une espèce de fou sur son fauteuil [sourire]. La photo est très forte symboliquement. C’est une illustration de ce que je défends. Le droit à une vie sociale épanouie. » Malgré sa retraite, le médaillé d’or en double aux Jeux de Pékin (2 008) continue le sport. Histoire de se lancer d’autres défis, comme le prochain marathon de New York en novembre. « J’ai envie de vivre longtemps et le sport de haut niveau tel que je le pratiquais m’abîmait. Le tennis ne me manque pas une seule seconde. J’ai eu un petit garçon en 2016 et il n’était pas question que je parte sur le circuit en le laissant à la maison. » Quand le papa court sur tous les fronts pour suivre ses engagements, le fiston est avec sa maman, ancienne numéro 1 anglaise chez les valides. « Il aura des bons gènes, mais il fera ce qu’il veut plus tard. » Parole d’engagé. A suivre notamment en simples messieurs, la confrontation entre le Britannique Gordon Reid et le Français Nicolas Peifer (pas avant 11h30) et en simple dames, celle entre la Néerlandaise Diede De Groot et l’Allemande Katharina Kruger (pas avant 10h).