Chacun son yacht
Conclu avec succès hier, le Monaco Yacht Show a fait la part belle aux engins de divertissement, pour petits et grands, devenus indispensables à bord.
Qu’est-ce qu’un yacht ? Ni plus ni moins qu’une maison flottante. Un lieu de vie et de travail pour son équipage, de travail mais aussi de détente pour des milliers de familles aisées. Rien d’étonnant donc à ce que, depuis des années, le Monaco Yacht Show accorde une place de plus en plus importante aux exposants de joujoux luxueux pour petits et grands. Des objets de divertissement en tout genre regroupés sous la bannière « Tenders & Toys ». Des stands mêlant bateaux de service de haute technologie et confort, et engins motorisés de haute performance et ludiques. Cette année, la 27e édition du premier salon de grande plaisance au monde avait consacré, quai Antoine-1er, un espace à part entière à cette niche du yachting devenue indispensable. D’autres professionnels «historiques» du secteur, tel Seabob et son fameux engin submersible permettant de se prendre pour un dauphin, gardant pignon sur salon sous un chapiteau du parvis de la Piscine.
« Sans Water toy, vous êtes boring »
Si la zone Tender existe depuis une quinzaine d’années, à flot sur le quai Jarlan, la demande a tellement grandi que, cette année, l’organisation du Monaco Yacht Show a choisi de mettre en valeur ce marché en vogue du yachting. « On a rassemblé les exposants de cette activité de “Tenders & Toys” car elle plaît beaucoup aux propriétaires de bateaux. C’est une tendance de ces cinq à dix dernières années qui attirent beaucoup les jeunes propriétaires de navires qui ont envie de profiter différemment du yachting», justifie la directrice générale du Monaco
Yacht Show, Gaëlle Tallarida. Organisatrice qui n’a pas eu à attendre longtemps avant de mesurer la réussite du pari. «Les quelques exposants qui n’ont pas forcément voulu aller là-bas tout de suite sont venus nous voir avant la fin du salon pour nous dire que l’année prochaine ils veulent absolument y être!» Plus qu’une tendance, le phénomène «Tenders & Toys» relève en effet aujourd’hui du besoin essentiel. Et implique, de fait, une concurrence. « Sur les bateaux à la location, la deuxième ou troisième question d’un client, après celle du nombre de cabines et son prix, c’est : “Qu’est-ce qu’il y a comme Water Toys sur le bateau?” », révèle ainsi Nicolas Bochno de la société Aqua Marine, spécialisée dans la vente, la location et le management de bateaux depuis 25 ans et, depuis sept ans, lancée dans le commerce de Water Toys. « On a été les premiers
importateurs de Seabob. À l’époque, les gens allaient sur un bateau pour déjeuner, nager et faire du Jet-ski. Depuis sept ans, si vous n’avez pas de Water Toys sur votre bateau, vous êtes “boring” (ennuyeux)». Implantée à Beaulieu-sur-Mer – et bientôt à Monaco, la société a donc pris le virage de plain-pied.
« Les enfants n’avaient pas leurs jouets »
«Maintenant, quand un projet de construction de navire est initié, c’est indispensable de réfléchir et d’anticiper sur les “Tenders & Toys” souhaités à bord. Pour ensuite réaliser le bateau de manière à ce qu’il soit adapté et puisse les recevoir, précise Gaëlle Tallarida. Au fil des années, le super yachting accède à ce monde-là et forcément ça veut dire des familles et des amis à bord. Être tout seul à bord d’un yacht, ça n’a aucun intérêt. Le but est de privilégier un moment
avec ses proches et puis s’amuser. » Une nouvelle cible a donc émergé : les enfants. « Les parents ou adolescents utilisent souvent les Seabob ou les Jet-ski mais les enfants n’avaient pas leurs jouets», explique Nicolas Bochno. À côté des flyboard, jetpack et autres bouteilles d’oxygène en carbone permettant de plonger à dix mètres tout en laissant sa réserve d’air à la surface, de nouveaux «jouets» à 7000 euros l’unité ont fait leur apparition. Des motos des mers pour bambins dotés d’options variables. Musique à bord, affichage du voltage de la batterie et, le must, « un petit jet d’eau à l’avant pour que les enfants fassent une bataille d’eau », dévoile Nicolas Bochno, tout en précisant que l’appareil « n’est pas considéré comme un Jetski». «Il ne va pas à plus de 4 noeuds (7 km/h) et l’enfant doit juste avoir plus de 5 ans. Après 8 ans, il se lasse…»
« Chaque chose de année quelque nouveau »
Sur le stand de Jetsurf, juste en face, la tendance est aux sensations fortes avec les planches de surf électriques. « Le moteur évolue chaque année. On nous demande de plus en plus de puissance, de rapidité, de fiabilité et de sensations fortes. Vous êtes quand même debout sur une machine à 55 km/h! Et c’est un produit exclusif tout en carbone », détaille sa représentante. Comptez entre 11 000 et 12 500 euros. Moins chers, mais tout aussi design et ergonomiques, les vélos rétractables et, comme les drones, connectés «Les clients recherchent de plus en plus des produits connectés qui, avec l’application, reconnaissent l’utilisateur et enregistrent ses réglages personnels. » Le marché des Water Toys n’est pas prêt de se tarir tellement l’innovation est permanente. Même si certaines technologies ont encore à faire leurs preuves. «Onaeudes problèmes d’interférences sur des produits électriques gérés par des télécommandes sans fil bluetooth. On a complètement stoppé des choses comme ça car ça pouvait gérer la puissance de certains engins et c’était trop dangereux », avoue Nicolas Bochlo. Certaines sociétés ont trouvé la parade par d’autres formes de bluetooth ou de wifi fermé mais la quête de la performance est un éternel challenge. «On essaye d’amener chaque année quelque chose de nouveau», conclut Nicolas Bochno.