Monaco-Matin

Des plaies encore bien vives

Il y a deux ans, dans la nuit du 3 au 4 octobre, la Côte d’Azur subissait la pire catastroph­e naturelle de son histoire. Les habitants ont-ils été indemnisés? Les entreprise­s se sont-elles relevées? La justice est-elle passée? Enquête

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Le 3 octobre 2015, il est tombé en deux heures l’équivalent de six mois de pluie à Nice ! En termes d’impact, c’est la troisième ou quatrième inondation la plus importante jamais recensée en France. » Ce bref rappel de Serge Castel, le directeur des territoire­s et de la mer des Alpes-Maritimes, plante le décor. Lugubre. C’était il y a deux ans. C’était hier. Et nul n’a oublié ces intempérie­s meurtrière­s sur la Côte d’Azur, durablemen­t marquée par la pire catastroph­e naturelle de son histoire. Vingt morts. 65000 sinistrés. 1800 sociétés impactées. 18000 véhicules touchés. Environ 800 millions d’euros de dégâts. Les chiffres disent l’ampleur du désastre. Ils peinent pourtant à donner la mesure des drames humains, des milliers de destins qui ont basculé cette nuit-là à Biot, Golfe-Juan, Mandelieu-La Napoule, Cannes, Antibes ou encore Villeneuve-Loubet.

« Encore frais dans les esprits »

Deux ans plus tard, le tableau apparaît contrasté. D’un côté, l’entraide, les réparation­s, la vie qui reprend et l’activité qui repart. De l’autre, le traumatism­e, la détresse, la difficulté à rebondir ou à être indemnisé. Face à l’adversité, les Alpes-Maritimes ont su faire preuve d’une capacité de résilience admirable, fortes d’une union sacrée pour panser les plaies et impulser un nouvel élan. Pourtant, les séquelles subsistent. Bien visibles, comme ces locaux restés vides boulevard de la République à Cannes. Ou plus insidieuse­s, dans les têtes, comme dans cette résidence de Mandelieu où les sinistrés cherchent toujours des réponses. « Le choc reste très frais dans les esprits. Mais nous sommes en train de terminer les opérations de réparation. Il faut rebondir après une telle expérience », veut positiver Valérie Emphoux, responsabl­e du service eaux pluviales et inondation­s à la mairie d’Antibes. Ces deux dernières années, les dégâts ont été réparés, les assurances sont passées (pas assez aux yeux de certains), les aides publiques sont arrivées ou, parfois, se font encore attendre (lire page ci-contre). Mais surtout, « dans le malheur du 3 octobre 2015, les services de l’État, les collectivi­tés et les services de secours ont tiré les leçons de ce qui a bien ou mal marché », assure Serge Castel.

« On reste sur le qui-vive »

Prévenir les aléas, gérer les situations de crise, sensibilis­er les population­s : tel est, à ses yeux, le sacro-saint triptyque de la gestion du risque. Or diverses actions ont été entreprise­s depuis. «Le préfet a mis en place une mission d’appui opérationn­elle, pour que les élus mettent à jour leurs plans communaux de sauvegarde et les dossiers d’informatio­n communaux sur les risques majeurs, explique Serge Castel. On maintient la pression pour continuer à communique­r. Parallèlem­ent, des travaux colossaux sont financés par l’État avec les collectivi­tés. » Pour preuve, cet avenant au PAPI (plan d’action et de prévention des inondation­s) du Riou de l’Argentière. Signé ce mardi, il portera à 6,8millions d’euros le montant des travaux visant à réduire la vulnérabil­ité de 22 copropriét­és à Mandelieu. Un PAPI d’intention concerne aussi le Pays de Lérins. A l’avenir, l’agglomérat­ion pourra « se substituer aux propriétai­res défaillant­s pour l’entretien des vallons secs et éviter les embâcles. » De quoi voir venir ? Pas pour autant, tempère Serge Castel. « Le 3 octobre, c’est exceptionn­el par l’intensité, pas forcément par la récurrence. On est rentré dans la saison cévenole, et nous conservons la peur d’événements très forts. Surtout au vu de l’été 2017 et des sols très secs. Tout le monde reste sur le qui-vive. »

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La désolation. La sidération. La solidarité. La reconstruc­tion. Deux ans déjà. Et un si long chemin.

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