Monaco-Matin

LIGUE  JOURNÉE) / NICE - MARSEILLE, CE SOIR À  HEURES Amavi revient chez lui

Repéré en 2010 sous les couleurs du SC Toulon, Jordan a remporté la Gambardell­a avec le Gym avant de s’imposer chez les pros. En 2015, sa vente a favorisé la constructi­on du nouveau centre

- WILLIAM HUMBERSET

Le titre en Gambardell­a, la Der du Ray, le retour en Ligue Europa, l’inaugurati­on de l’Allianz Riviera... Jordan Amavi a tout connu, ou presque à l’OGC Nice. En l’espace de cinq ans, le natif de Toulon et transfuge du Sporting a bousculé son environnem­ent et marqué l’histoire du Gym : son transfert à Aston Villa pour 13 millions d’euros était la plus grosse vente du club jusqu’à Dalbert (29 M). Et elle a surtout favorisé la constructi­on du nouveau centre. Une trajectoir­e qui incarne presque à elle seule la réussite du projet de formation niçois, initié en 2007. « Il n’a pas fait de bruit en arrivant. C’était un mec du Sud, avec toute son humilité, rembobine Manu Pirès, ancien coach des U19 et directeur du centre à Nice. C’est un garçon d’une grande valeur, on sent qu’il a reçu une bonne éducation. Avec du sérieux, de l’abnégation, il a franchi les paliers et su saisir sa chance pour faire son petit chemin. Parce que c’est aussi en fonction des besoins d’un club que se joue une carrière.»

La reconversi­on réussie d’un attaquant

Repéré dans une rencontre de U17 DH au cours de laquelle il signe un doublé et une passe dé (3-3), l’attaquant du Sporting de Toulon a dû reculer pour s’imposer au Gym. « Il n’était pas assez efficace en tant qu’attaquant. Il allait vite et avait de grosses qualités techniques, mais son jeu dos au but était insuffisan­t, se souvient Alain Wathelet, le directeur du centre de formation niçois. Reposition­né au poste de latéral, il se retrouvait face au jeu avec un profil de défenseur porté vers l’offensive. » Un déclic pour un joueur qui tarde à s’imposer chez les jeunes. «Il n’a jamais débuté dans un groupe comme un titulaire à part entière, poursuit Alain Wathelet. Même dans l’aventure Gambardell­a (2012), il était remplaçant puis s’est imposé au fil de la saison pour débuter la demie, puis la finale ». Enfant, l’attaquant a travaillé le pied droit avec son papa. A Nice, le latéral soigne son placement. Pour découvrir le monde profession­nel avec Claude Puel (23 matchs en 2013-14), puis pallier le départ de Kolodziejc­zak à Séville (37 matchs en 2014-15). « Il va vite, il saute haut, il est puissant. Il a toutes les qualités pour percer », disait déjà Didier Digard à son sujet. Le 16 mai 2015, les deux compères marquent et Nice sauve sa place en Ligue 1 contre Lens (2-1). Ce sera le quatrième et dernier but d’Amavi en rouge et noir. « “Jo” a toujours été là dans les moments importants, témoigne son ami Mouez Hassen. Je me souviens aussi d’un but à Bordeaux, on perdait 1-0 à cause d’un penalty que j’ai provoqué. Il égalise et “Alass” nous donne la victoire à la dernière minute ». Dans l’idéal, le défenseur de 21 ans aurait aimé enchaîner une troisième saison en rouge et noir. Mais l’enveloppe d’Aston Villa est trop belle pour les décideurs niçois et la Premier League ne se refuse pas. Loin de sa famille, Jordan s’impose (10 m, 1 passe). Avant de se rompre les croisés. « Un coup dur qui a freiné son élan, confie son entourage. Mais il savait que ça faisait partie du métier, il a été patient pour revenir à son meilleur niveau. Mais à la différence d’un Benjamin Mendy aujourd’hui, Jordan n’avait qu’une saison pleine de L1 derrière lui. Quatre saisons au haut niveau t’apportent une certaine sécurité qu’il n’avait pas. »

« Si l’occasion s’était présentée, il serait revenu à Nice direct ! »

Mais Jordan est revenu et a disputé 36 matchs la saison passée en Championsh­ip (1 passe). Avant de surmonter une nouvelle épreuve. Séville l’approche, le séduit... puis renonce sous un prétexte médical. « On n’a toujours pas compris pourquoi, confie un proche. La visite médicale ne passait pas là-bas mais elle passe à Marseille ? » « Il a le mental, la force de ces jeunes qui arrivent à s’en sortir malgré les épreuves, félicite Manu Pires. Il s’est battu pour revenir, il se bat pour se faire une place à l’OM et se battra pour être l’un des meilleurs latéraux français, j’en suis certain. Le voir rebondir à l’OM, c’est une belle histoire. Comme si rien ne s’était passé en fait. C’était peutêtre même l’idéal de revenir dans un championna­t qu’il connaît bien. Ça lui donne un peu plus de confort. » Revenir en L1 faisait partie de ses souhaits. Un retour à Nice aussi. Et pas forcément sous le maillot du rival olympien. « Il avait besoin de se relancer, l’OM est le meilleur challenge qu’on lui ait proposé. Mais si l’occasion s’était présentée, il serait revenu à Nice direct, promet Mouez Hassen. Il aime cette ville, il aime ce club, il a toujours tout donné pour Nice. » La réciproque est vraie, ses anciens coéquipier­s ne l’ont pas oublié. Derby oblige,“Cardi” l’a même chambré cette semaine au téléphone. «J’espère que les supporters niçois ne le siffleront pas par contre, conclut Hassen, l’autre portier niçois actuelleme­nt en prêt à Châteaurou­x. Je serais vraiment déçu pour lui sinon. »

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 ?? (Photos AFP et S.H.) ?? Hassen : « Jordan a toujours tout donné pour Nice. J’espère que les supporters ne le siffleront pas. »
(Photos AFP et S.H.) Hassen : « Jordan a toujours tout donné pour Nice. J’espère que les supporters ne le siffleront pas. »

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