Gustav-Adolf Mossa, le symboliste
Lors de récentes enchères chez Artcurial, plusieurs toiles ont mis en avant l’oeuvre déroutante et fascinante de l’artiste niçois
Tous les Niçois connaissent son nom, sans toujours bien connaître son oeuvre. Le 26 septembre dernier, la maison Artcurial proposait six toiles de Gustav-Adolf Mossa (1883-1971) à la vente, mettant en lumière le travail de cet artiste de l’étrange, considéré comme le dernier grand peintre symboliste français. Si toutes n’ont pas trouvé preneur, l’une d’elles, Le Sarcophage (1913) a particulièrement séduit les collectionneurs. Estimée entre 8 000 et 12 000 euros, l’aquarelle a été adjugée pour 29 900 euros, plus de trois fois son estimation basse. Sur fond de cortège funeste, ce tableau, inspiré de l’oeuvre du compositeur Robert Schuman, illustre le thème du poète malheureux et incompris, incapable de vivre le bonheur. Le Sarcophage est un parfait exemple de l’art déroutant du peintre niçois. Né à la fin du XIXe siècle, GustavAdolf Mossa baigne dès sa naissance dans l’univers artistique. Son père, Alexis Mossa (1844-1926), est peintre paysagiste et imagier du Carnaval de Nice. Il initie très tôt son fils aux techniques picturales. Le jeune homme suivra aussi des cours à l’Ecole des Arts décoratifs de Nice. À 17 ans, Gustav-Adolf Mossa visite l’Exposition universelle de 1900 à Paris où le Symbolisme est encore très présent. C’est une révélation. En ce début de siècle, l’artiste niçois entame sa période créatrice la plus féconde, entre peinture symboliste, scènes de carnaval, paysages à l’aquarelle, mais aussi poèmes et pièces de théâtre. Ses toiles se nourrissent de références musicales, de littérature ou de poésie, celle de Baudelaire ou de Mallarmé notamment. Le résultat : une oeuvre fascinante, à la fois onirique et cruelle, au symbolisme décalé et d’une grande force psychologique. A l’image de la toile Elégante et Jockey (1906), proposée chez Artcurial, qui reprend le thème, omniprésent chez Mossa, de la femme fatale et castratrice. Estimée entre 40 000 et 60 000 euros, la toile est restée invendue. Avec l’arrivée de la première Guerre Mondiale, l’élan créateur de Gustav-Adolf Mossa sera stoppé net. Dès lors, ce virtuose poursuivra son oeuvre avec beaucoup moins d’intensité. A la mort de son père en 1926, il prendra sa succession comme conservateur du Musée des Beaux-Arts Jules Cheret de Nice. Ses toiles symbolistes demeureront cachées le restant de sa vie. Elles ne seront (re)découvertes qu’au moment de son décès en 1971. Pour le plus grand bonheur des amateurs du genre.