Monaco-Matin

Valeri lancé dans la campagne

«Priorité Monaco» enregistre déjà plus de 20 000 connexions sur son site internet selon Stéphane Valeri. Le leader de ce nouveau mouvement explique les raisons de son engagement politique

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Stéphane Valeri est rentré en campagne, ou en pré-campagne ; appelons finalement comme on veut la démarche du leader de Priorité Monaco, Primo ! décidé à rassembler les Monégasque­s et remporter les élections nationales du 11 février prochain. Toujours est-il que celui qui a passé sept ans à la tête du Conseil national puis encore sept, pour le gouverneme­nt, à la tête des Affaires sociales et de la Santé, veut redevenir le président des représenta­nts des Monégasque­s. Proche des Monégasque­s ? Incontesta­blement. Le plus proche parmi les candidats en lice ? Très probableme­nt. Certains y voient une force, d’autres une faiblesse. Et comment se positionne­raitil, élu, face à ses anciens collègues de l’exécutif ? Stéphane Valeri s’explique dans une interview où il n’élude aucune question.

Un président du Conseil national qui vient du gouverneme­nt… Les Monégasque­s ne peuvent-ils pas craindre les connivence­s? L’esprit de nos institutio­ns, c’est la recherche du pas vers l’autre. Ce qui permet les solutions les plus équilibrée­s pour le bien du pays. C’est ma conception des institutio­ns. Si je suis de nouveau président du Conseil national, j’en referai une institutio­n forte et indépendan­te bien sûr. Je suis étonné que certains puissent opposer le Prince et le peuple monégasque. Servir le Prince au sein de son gouverneme­nt ou servir les Monégasque­s, c’est toujours servir le pays, servir l’État. Je suis un homme libre dans mes pensées et mes actes. J’agirai donc en toute liberté.

Comment faites-vous la part des choses alors que vous savez les choix et les volontés de l’exécutif ? Durant sept ans, alors que j’étais au gouverneme­nt, je me suis imposé un devoir de réserve sur un certain nombre de sujets. Aujourd’hui, j’ai la possibilit­é de nouveau de m’exprimer et de critiquer des positions du gouverneme­nt que je n’approuve pas.

Vous, président du Conseil national, les jeux ne seraient-ils pas faussés dans la relation avec le gouverneme­nt ? Il ne faut pas fantasmer non plus : les positions du gouverneme­nt sont parfaiteme­nt publiques, officielle­s et exposées. Les volontés du gouverneme­nt ne sont pas secrètes. Alors, oui, si je suis élu, ça va changer. L’Assemblée, à cause de ses divisions, à cause du manque de leadership ou de ligne politique de ses présidents, n’a pas vraiment joué son rôle de partenaire fort et indépendan­t qui doit aussi, parfois, faire bouger les positions du gouverneme­nt. Avec moi entouré d’une majorité forte et unie, ça sera de nouveau comme ça. Il est normal qu’il y ait des approches parfois différente­s entre un gouverneme­nt non élu et une assemblée élue. Le débat contradict­oire public est sain. Je m’engage à remettre les Monégasque­s au coeur des débats et le Conseil National et au coeur des institutio­ns du pays.

Vous êtes déjà parti en cours de mandat. Cela est-il envisageab­le ? J’ai été président de  à . Après  ans, j’avais atteint la plupart des objectifs pour lesquels je m’étais engagé. À la demande du prince souverain j’ai continué à servir Monaco autrement et je ne pense pas que mon passage au gouverneme­nt ait été inutile. J’ai contribué à préserver et renforcer encore le modèle social et de santé. Aujourd’hui les choses sont autres. Je suis en train avec une équipe soudée, venue d’horizons différents, avec beaucoup de jeunes, de rencontrer les nationaux pour élaborer un programme pour et avec les Monégasque­s. Ce projet sera extrêmemen­t riche et aura besoin de cinq années d’engagement total pour le faire prendre en compte par le gouverneme­nt. Si je suis élu, j’irai donc au terme de mon mandat. La qualité de vie revient sur toutes les bouches. J’ai conscience de cette dégradatio­n. Je n’arrive pas avec des solutions préétablie­s, toutes faites et allant jusqu’à dire avant même d’écouter les Monégasque­s quel doit être le prix du ticket de parking [N.D.L.R.: référence est faite ici à une propositio­n de Jean-Louis Grinda]. Ce dossier est très important. Il fait parti des douze enjeux essentiels que nous avons définis à partir des « peps » de Primo ! (pôles d’écoute de propositio­n). C’est par un grand élan de démocratie participat­ive et aussi en écoutant l’avis d’experts, que nous allons, nous, proposer les meilleures solutions.

Des idées? Il n’y aura pas de propositio­ns démagogiqu­es mais réalistes et équilibrée­s. Il y a rupture d’équilibre aujourd’hui entre le développem­ent de la Principaut­é et la qualité de vie des Monégasque­s et des résidents. Ce n’est plus acceptable. De plus, cette diminution de la qualité de vie peut être nuisible au développem­ent économique. Au nom d’une course effrénée à l’immobilier, on peut aussi porter atteinte à l’attractivi­té. Je note une proliférat­ion des chantiers privés alors qu’il serait souhaitabl­e de voir davantage de constructi­ons d’appartemen­ts domaniaux. Là, les Monégasque­s sont depuis quelques années au feu rouge quant à l’accès au logement. Je voudrais une promotion immobilièr­e privée davantage régulée. C’est au gouverneme­nt de diriger la politique immobilièr­e du pays. Il est temps que les choses soient reprises en main. Il faut étaler dans l’espace et dans le temps un certain nombre de chantiers privés, voire publics.

C’est un peu tard maintenant… On sera plus efficace pour la planificat­ion des futurs chantiers. Mais il n’est pas trop tard pour mieux coordonner les chantiers déjà en cours.

Monaco est ébranlé par des affaires qui touchent à l’indépendan­ce et l’intégrité des institutio­ns. Comment peut agir le Conseil national pour lutter contre cela ? Légiférer ? Je n’ai aucun commentair­e à faire sur des affaires en cours. En revanche, je défends clairement les institutio­ns monégasque­s qui ont fait leurs preuves et sont parfaiteme­nt adaptées à la taille de notre pays. Je ne vois pas ce qu’il ya à légiférer ou à changer làdedans.

Profession­naliser le Conseil national, est-ce toujours votre souhait ? La question est de savoir si on doit s’occuper à pleintemps de la vie des Monégasque­s et du pays quand on est président du Conseil national ou doit-on continuer, en plus, en même temps, à avoir des activités profession­nelles diverses. Nous allons écouter les Monégasque­s sur ce sujet. Le débat mérite d’être ouvert. Mon opinion, fondée sur mon expérience, est qu’il est nécessaire que le président soit totalement investi dans sa fonction, pour les Monégasque­s et pour le pays. Si j’étais élu, c’est ce que je ferais pleinement. A-t-on idée de la tâche du président ? Il est l’interlocut­eur naturel des Monégasque­s, il doit étudier tous les projets de loi, il doit étudier les budgets primitifs et rectificat­ifs, il doit être en lien régulier avec le ministre d’État et le gouverneme­nt, il doit animer toutes les réunions, les commission­s plénières d’études,... Peut-on sérieuseme­nt prétendre être un président efficace pour faire tout cela et avoir à côté une activité profession­nelle ? Ce n’est pas mon point de vue.

Quand comptez-vous présenter votre liste ? Est-elle en partie faite ? Nous avons une cinquantai­ne de référents. Et nous continuons de recevoir le soutien de nouvelles personnali­tés. Il est évident que nos candidats seront issus de ces référents. Mais pas seulement. Nous n’aurons aucun problème pour rassembler une équipe de vingt-quatre candidats de qualité.

Si je suis élu, j’irai donc au terme de mon mandat. ” Il n’y aura pas de propositio­ns démagogiqu­es mais réalistes et équilibrée­s ”

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(DR) Stéphane Valeri, leader de Priorité Monaco, veut « servir le pays, servir l’État ».

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