«L’Europe touche à notre identité, aux droits fondamentaux des Monégasques»
Pour vous, c’est « L’Europe à pas prudents ».
L’Europe est une question complexe. Nous ne voulons pas, comme d’autres, faire de doctrine. Nous serons « europragmatiques » et ferons passer l’intérêt de Monaco et des Monégasques avant tout. Sur un sujet aussi complexe, qui entraînera des conséquences considérables voire irréversibles pour l’avenir du pays, il faut se garder de toute précipitation. Nous serons vigilants et méfiants car il s’agit de défendre les intérêts essentiels de la Principauté qui est et doit rester une nation souveraine. Je vois un modèle économique et social qui se porte bien : on a le plein-emploi, des excédents budgétaires, un fonds de réserve qui croît sans cesse, une augmentation régulière du nombre de résidents étrangers, donc il n’y a aucune urgence. Ça marche bien Monaco aujourd’hui. Le modèle européen, lui, ne marche pas aussi bien, c’est une évidence !
Les deux modèles politiques seraient-ils incompatibles selon vous ?
Notre pays repose sur des notions qui sont totalement éloignées du modèle européen, c’est-àdire la priorité nationale, les discriminations positives pour ceux qui ont des attaches avec Monaco, une économie régulée (autorisation préalable de création d’entreprise, de résidence). Notre modèle est donc très différent voire antinomique sur certains points avec celui de l’Europe. Comment concilier cela?
Pourtant, nombreux sont les chefs d’entreprise qui s’impatientent.
C’est vrai que quelques chefs d’entreprise expriment le souhait d’avoir une sécurité juridique pour pouvoir exporter leurs produits, essentiellement pharmaceutiques et cosmétiques, en Europe. Mais de façon très pragmatique, nous avons trouvé des solutions. Aujourd’hui, ces secteurs sont toujours en Principauté, peuvent exporter et ils ont pour la plupart des importateurs français. J’entends en revanche aussi de nombreuses professions et secteurs d’activités qui craignent cette négociation.
Négocier avec l’Europe, c’est semble-t-il la possibilité de développer
l’économie nationale ? Je ne voudrais pas qu’on limite la question de l’Europe à une question de comptabilité. C’est un sujet qui touche à notre identité, à notre histoire, aux droits fondamentaux des Monégasques et à l’avenir de nos enfants. Nous pèserons les avantages et les inconvénients. Mais mon sentiment est que les inconvénients risquent d’être beaucoup plus importants. Si pour faire mieux circuler des boîtes de médicaments en Europe il faut renoncer à une part de souveraineté, à une partie des droits des nationaux et partager ces droits avec des citoyens européens, alors très clairement tous les élus de Priorité Monaco s’opposeront avec tous leurs moyens institutionnels à la signature d’un tel traité.
Après avoir eu l’image de progressiste, ne craignez-vous pas celle de conservateur ?
Votre question est un compliment ! Sur certains sujets, je suis progressiste, et sur d’autres conservateur. Pourquoi ? Parce que je suis d’abord Monégasque et que je défendrai toujours l’intérêt de mon pays et des nationaux. Priorité Monaco est un grand mouvement d’unité nationale. Nous avons réuni des compatriotes qui viennent des deux courants historiques – progressiste-réformateur et conservateur – qui ont fait l’histoire de la principauté. Aujourd’hui, face aux défis du futur, ces vieilles grilles de lecture politique ont fait leur temps. Nous dépassons aujourd’hui ces clivages dans notre mouvement.
Notre modèle est donc très différent voire antinomique sur certains points avec celui de l’Europe ” Sur certains sujets, je suis progressiste, et sur d’autres conservateur ”