Monaco-Matin

Estrosi-Ciotti : « Leur course à l’échalote risque d’affaiblir le départemen­t »

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Depuis quelques mois - en tout cas aux yeux de tous - Christian Estrosi et Eric Ciotti, les deux barons azuréens, se livrent bataille après avoir combattu, dirigé, travaillé, oeuvré, résisté... main dans la main pendant près de 20 ans. Une guerre fratricide qui agite le départemen­t tout entier, qui met certains élus dans une position plus qu’inconforta­ble, avec, en ligne de mire les municipale­s et Nice comme terrain de jeu.

Comment vivez-vous cette guerre entre Estrosi et Ciotti ?

Je ne le vis pas très bien, et je pense que je ne suis pas la seule. On est un certain nombre d’élus à ne pas le vivre bien et je pense que, malheureus­ement, cela atteint même l’opinion publique. Je pense que cela ne réjouit pas ceux qui s’intéressen­t à la vie locale, car ils ont, eux aussi, conscience que cela peut, à terme, jouer en défaveur de notre départemen­t, de notre ville.

Cela vous désole ?

J’aimerais tellement que chacun fasse valoir son positionne­ment, ses ambitions, mais sans mélanger le national et le local. À un certain niveau, on doit faire en sorte qu’il y ait une différenci­ation afin de conduire les affaires de la cité, les affaires du départemen­t.

Vous avez une explicatio­n à leur opposition aujourd’hui, alors qu’ils ont travaillé ensemble pendant  ans?

Et c’était une force! À l’extérieur, de nombreux collègues me disaient souvent : “quelle chance que, dans ton départemen­t, tout le monde travaille dans le même sens ”. À être ensemble, on n’en est que plus fort ! C’est une course à l’échalote qui risque d’affaiblir le départemen­t. Et cela risque d’aggraver ce que nous reprochent nos concitoyen­s : la politique politicien­ne.

C’est irréversib­le ?

Je n’en sais rien, mais je pense que nous sommes tombés dans l’irrationne­l. Un retour en arrière me semble compliqué, mais on peut, peut-être, espérer que le bon sens, la responsabi­lité reviennent.

Vous parlez aux deux, à Estrosi et à Ciotti ?

Oui, je parle aux deux.

Les élections municipale­s sont encore loin...

, peut-être même ,  ou même , on n’en sait rien. Alors, à quoi ça sert d’ouvrir des feux aujourd’hui, alors qu’on sait pertinemme­nt que l’on peut s’épuiser au fur et à mesure ?

Un face à face Estrosi-Ciotti à Nice, ça vous inspire quoi ?

Aujourd’hui, il y a une légitimité : celle du maire de Nice. Il a été élu en  avec une équipe pour exercer son mandat et mettre en oeuvre l’engagement que nous avions pris auprès des Niçois. La légitimité elle est là et je pense qu’il n’y a pas de raison de l’attaquer ! On peut considérer, à tort ou à raison, que Christian Estrosi a un positionne­ment politique national contestabl­e, mais localement on ne l’attaque pas. Eric Ciotti a eu une belle victoire, il est aujourd’hui député, c’est ce qu’il voulait, alors pourquoi attiser le feu ? Pourquoi, comme ça d’un coup, après les résultats des législativ­es, ouvrir le front? Eric Ciotti n’a pas de raison légitime d’attaquer Christian Estrosi à la place qui est la sienne.

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