Enquête et polémique
Au surlendemain du drame, les premières explications arrivent des deux côtés
Comment une barrière censée résister à la pression de centaines de supporteurs a bien pu céder? L’enquête en cours pour «blessures involontaires» devra éclairer les conditions de sécurité sur fond de polémique entre clubs, au lendemain de l’accident qui a fait 29 blessés. Hier matin, tous les supporteurs blessés avaient quitté l’hôpital, à l’exception de six d’entre eux se trouvant «dans un état stable» et restés en observation, selon le CHU d’Amiens. Les différentes parties ont joué l’apaisement à la mi-journée dans la polémique née samedi soir sur les responsabilités dans l’accident, se présentant à un point presse commun à la sortie d’une visite à l’hôpital. Sous le regard du président de l’Amiens SC Bernard Joannin, le représentant du Losc, son directeur commercial Yann Chevallier, n’a pas souhaité raviver les tensions, s’en remettant aux conclusions de l’enquête ouverte en flagrance par le parquet .
Instruction disciplinaire dès jeudi
Le débat sera aussi tranché par l’instruction disciplinaire annoncée par la LFP pour jeudi prochain. Elle peut déboucher potentiellement sur une amende, un huis clos partiel ou total, un match perdu ou un retrait de point pour le club receveur. Face aux questions sur un éventuel sous-dimensionnement de l’enceinte pour la Ligue 1 au vu de l’effondrement d’une barrière d’un
mètre de haut sous le poids de dizaines de supporteurs célébrant un but, le directeur général de la LFP Didier Quillot a rappelé que «ce stade avait été homologué par la commission de la fédération et de la Ligue». La polémique avait pris d’autant plus d’ampleur que le stade de la Licorne d’Amiens est en travaux pour rénovation de sa verrière et des sièges pour toute la saison, après sa montée historique dans l’élite à la surprise générale. Mais «on vient de s’entretenir avec le préfet de la Somme qui nous a confirmé qu’il n’y a aucun rapport entre les travaux menés actuellement dans le stade et l’effondrement de la barrière», a souligné Didier Quillot, en présence de sa présidente Nathalie Boy de la Tour. Dans un pays marqué par l’effondrement de la tribune du stade de Furiani à Bastia en 1992, la chute de la barrière avait aussitôt déclenché une controverse. Gérard Lopez, président du Losc qui a racheté le club la saison dernière, s’est lui aussi exprimé : « Parler d’un problème des supporteurs visiteurs à travers les stades du monde, quand un truc comme ça se passe, c’est une aberration. Alors il faut arrêter les derbys, il faut tout arrêter. Le problème est ailleurs...», a-t-il tempêté, « triste » pour les blessés. Le dirigeant a exprimé ses doutes sur les conditions de sécurité: «Des groupes de supporters de Strasbourg, de Marseille, de Nice, ont clairement indiqué que pendant leur passage, l’équipement en question n’était pas hyper solide. J’ai vu des photos du stade, des ancrages des barrières...». Georges Penel, un supporteur lillois de 21 ans blessé au genou et au dos, a trouvé « choquant qu’il puisse se passer quelque chose comme ça dans un stade en Europe alors qu’un simple fumigène est prohibé ».