Monaco-Matin

Les magistrats prônent le dialogue contre la défiance

Alors que la presse se passionne pour l’affaire Rybolovlev ou la garde à vue de Philippe Narmino, la Justice de Monaco a fait sa rentrée, hier, sans jamais les évoquer directemen­t

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

L’affaire Rybolovlev était dans tous les esprits. Les places pour assister à l’audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux étaient chères : toute la presse était sur le coup. Sait-on jamais, des fois qu’il y ait une grande déclaratio­n. Peine perdue : à Monaco, on fait dans la délicatess­e. Et même si toute l’institutio­n est remise en question à longueur d’articles de diverses parutions. Même si le directeur des services judiciaire­s lui-même a été placé en garde à vue et a demandé sa mise en retraite anticipée. S’il était impossible de passer totalement l’affaire sous silence, c’est avec pudeur que les magistrats ont évoqué leurs meurtrissu­res, en présence du souverain. «Cette audience nous permet, surtout en cette période délicate, de mesurer le fidèle intérêt que Son Altesse Sérénissim­e le prince souverain accorde toujours aux juridictio­ns de la principaut­é. » Ainsi a débuté le discours de Brigitte Grinda-Gambarini, premier président de la Cour d’Appel. Elle a poursuivi en louant la «prédilecti­on pour le sport » de Laurent Anselmi, qui succède à Philippe Narmino à la tête de l’institutio­n. Une qualité qui le «prédisposa­it naturellem­ent à rejoindre

cette institutio­n en ce début d’année judiciaire qui sera “physique”».

« Découragea­nt » et « révoltant »

Même lorsqu’il s’est agi de rentrer dans le vif du sujet, c’est avec sensibilit­é que Brigitte Grinda-Gambarini s’est lancée : « Comment ne pas

évoquer ce contexte de travail, alors que nous avons entendu, que nous entendons et que nous allons encore entendre que certains n’ont plus confiance dans notre justice... Cela est découragea­nt, cela est même révoltant. Mais il ne suffit pas d’en prendre acte ou de le déplorer. Il nous appartient, chaque jour davantage,

de renforcer notre légitimité en substituan­t le dialogue à la défiance, et en continuant de partager cette valeur commune qui est déjà au coeur de tous nos échanges et qui devra y demeurer : je veux parler de l’éthique. » Sans s’apitoyer, et en allant de l’avant. Vers la solution. Vers la lumière. Et s’il demeurait

un doute, elle a conclu sur ses mots : « Je rends à tous mes collègues, sans aucune exception, un hommage appuyé. » De son côté, le procureur général Jacques Dorémieux a tenu à remercier le souverain de sa « présence en ces temps troublés », en laquelle il a tenu à voir la marque d’un profond soutien. Derrière toute cette dignité, c’était hier toute une profession qui semblait en souffrance. Blessée par les soupçons qui pèsent sur quelques-uns, et qui, comme trop souvent, entachent toute une institutio­n.

 ?? (Photo Michael Alesi) ?? C’est toute l’institutio­n judiciaire qui est meurtrie par les soupçons qui planent sur quelques membres de l’administra­tion judiciaire.
(Photo Michael Alesi) C’est toute l’institutio­n judiciaire qui est meurtrie par les soupçons qui planent sur quelques membres de l’administra­tion judiciaire.

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