Le voleur de tongs «n’a pas de temps à perdre» au tribunal
Un ressortissant bulgare de 37 ans avec un sacré aplomb et un toupet du tonnerre s’est présenté devant le tribunal correctionnel. Il comparaissait pour avoir dérobé des effets de plage dans la «Boutique du Maillot », au Larvotto : une paire de tongs, un tee-shirt et un maillot. Si cet homme, sans emploi, avait reconnu les faits au cours de sa garde à vue, paradoxalement, à la barre, il conteste l’infraction reprochée. « Il n’y avait pas de vidéo dans le magasin, argumente-t-il. Donc vous n’avez pas la preuve que je les ai volés ! » Ce 2 juillet dernier, en fin de matinée, l’effervescence estivale règne sur la plage du Larvotto. L’individu en profite pour entrer dans l’échoppe spécialisée dans les articles de plage et se fondre dans la foule des clients. La vendeuse, sensibilisée aux pratiques des mains chapardeuses, voit cet homme hirsute filer à l’anglaise avec des tongs dans les mains. L’employée le poursuit et exige la restitution de la paire de sandales. En même temps, la gérante alerte la Sûreté publique.
« Qu’est ce que je fais encore ici ? »
« Quand les policiers vous interpellent quelques mètres plus loin, rapporte le président Florestan Bellinzona, vous avez aussi un tee-shirt sur le dos et un maillot volés pour un préjudice de quelque 70 euros ! Que faisiez-vous en Principauté ? » Irrité, voire agacé d’être convoqué devant les magistrats pour une infraction sans importance, le prévenu hurle son intention première d’aller en Italie. Il s’est toutefois arrêté à Monaco pour visiter… Comme il voulait aussi profiter de la plage, il a pris le tricot à manches courtes… « Ce n’est pas une bonne idée de râler », réplique sèchement le président. Le coupable n’en tient pas compte : « Croyez-moi, j’ai pris les effets et après je les ai rendus. Qu’estce que je fais encore ici? Je n’ai pas de temps à perdre. Je voyage… » Le magistrat mettra fin aux rouspétances rabâchées de ce natif des Balkans en passant la parole à la représentante du parquet général.
Il quitte le prétoire avec un rictus en maugréant
« Il faut que cet homme comprenne qu’il doit être jugé, soutient le procureur Cyrielle Colle. Les éléments ont bien été volés, quel que soit son revirement aujourd’hui à la barre. Vous prononcerez une peine d’amende de 500 euros assortie du sursis. » Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Très mécontent de la décision rendue, le ressortissant bulgare a quitté le prétoire en maugréant quelques mots dans sa langue vernaculaire. À voir son rictus sardonique et sinistre, ses paroles ambiguës aux tonalités équivoques auraient-elles fleuré l’offense ? Abyssus abyssum invoqua : l’abîme appelle l’abîme…