Monaco-Matin

Le voleur de tongs «n’a pas de temps à perdre» au tribunal

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Un ressortiss­ant bulgare de 37 ans avec un sacré aplomb et un toupet du tonnerre s’est présenté devant le tribunal correction­nel. Il comparaiss­ait pour avoir dérobé des effets de plage dans la «Boutique du Maillot », au Larvotto : une paire de tongs, un tee-shirt et un maillot. Si cet homme, sans emploi, avait reconnu les faits au cours de sa garde à vue, paradoxale­ment, à la barre, il conteste l’infraction reprochée. « Il n’y avait pas de vidéo dans le magasin, argumente-t-il. Donc vous n’avez pas la preuve que je les ai volés ! » Ce 2 juillet dernier, en fin de matinée, l’effervesce­nce estivale règne sur la plage du Larvotto. L’individu en profite pour entrer dans l’échoppe spécialisé­e dans les articles de plage et se fondre dans la foule des clients. La vendeuse, sensibilis­ée aux pratiques des mains chapardeus­es, voit cet homme hirsute filer à l’anglaise avec des tongs dans les mains. L’employée le poursuit et exige la restitutio­n de la paire de sandales. En même temps, la gérante alerte la Sûreté publique.

« Qu’est ce que je fais encore ici ? »

« Quand les policiers vous interpelle­nt quelques mètres plus loin, rapporte le président Florestan Bellinzona, vous avez aussi un tee-shirt sur le dos et un maillot volés pour un préjudice de quelque 70 euros ! Que faisiez-vous en Principaut­é ? » Irrité, voire agacé d’être convoqué devant les magistrats pour une infraction sans importance, le prévenu hurle son intention première d’aller en Italie. Il s’est toutefois arrêté à Monaco pour visiter… Comme il voulait aussi profiter de la plage, il a pris le tricot à manches courtes… « Ce n’est pas une bonne idée de râler », réplique sèchement le président. Le coupable n’en tient pas compte : « Croyez-moi, j’ai pris les effets et après je les ai rendus. Qu’estce que je fais encore ici? Je n’ai pas de temps à perdre. Je voyage… » Le magistrat mettra fin aux rouspétanc­es rabâchées de ce natif des Balkans en passant la parole à la représenta­nte du parquet général.

Il quitte le prétoire avec un rictus en maugréant

« Il faut que cet homme comprenne qu’il doit être jugé, soutient le procureur Cyrielle Colle. Les éléments ont bien été volés, quel que soit son revirement aujourd’hui à la barre. Vous prononcere­z une peine d’amende de 500 euros assortie du sursis. » Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public. Très mécontent de la décision rendue, le ressortiss­ant bulgare a quitté le prétoire en maugréant quelques mots dans sa langue vernaculai­re. À voir son rictus sardonique et sinistre, ses paroles ambiguës aux tonalités équivoques auraient-elles fleuré l’offense ? Abyssus abyssum invoqua : l’abîme appelle l’abîme…

 ?? (Photo C.D.) ?? « Vous n’avez pas la preuve que je les ai volés ! », a bien tenté le prévenu à la barre.
(Photo C.D.) « Vous n’avez pas la preuve que je les ai volés ! », a bien tenté le prévenu à la barre.

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