Monaco-Matin

« Une des clés du succès a été de garder son ADN »

Avant un retour chiffré, la directrice de la société organisatr­ice du Gaëlle Tallarida, livre des indicateur­s positifs et se réjouit de mettre la barre toujours plus haut en équipe

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

L’événement est éphémère mais son succès permanent. Conclu ce samedi, le 27e Monaco Yacht Show a entretenu son statut de référence mondiale et même réussi à encore surprendre ses habitués selon son chef d’orchestre, Gaëlle Tallarida. «Des personnes qui n’étaient pas venues depuis deux ans m’ont dit qu’on avait fait un jump impression­nant», se félicite la porteparol­e d’une équipe de 15 passionnés de 33 ans de moyenne d’âge et muée d’un même objectif: « Satisfaire une industrie qui vient rencontrer des clients fortunés ». « Notre travail, c’est de réfléchir à un salon où cette rencontre va se faire naturellem­ent, dans les meilleures conditions possibles et de la façon la plus cohérente.» D’où le succès exponentie­l de ce rendez-vous où, cette année, 125 yachts mouillaien­t dans les eaux monégasque­s et 590 exposants occupaient ses quais – contre 80 il y a 20 ans. Un défi relevé grâce à un staff légèrement gonflé mais surtout pluridisci­plinaire.« On est très complément­aires et on forme un cerveau organisati­onnel de qualité, plaide Gaelle Tallarida, tout en mesurant le labeur enduré mais aussi sa chance. « Il faut avoir l’idée, mais l’idée qui est réalisable. On est une petite équipe avec des casquettes différente­s, ce qui permet de tout de suite s’autolimite­r. Ne pas partir dans des délires irréalisab­les (...) Je suis très privilégié­e. J’ai la chance d’avoir ce travail et j’y mets tout mon coeur!» Retour, en quelques focus, sur ce succès «familial», «dans un cadre raffiné, luxueux et tiré à quatre épingles même si c’est du temporaire. Du très haut de gamme car c’est aussi l’image de Monaco».

Fréquentat­ion en hausse et satisfacti­on

« Je n’ai pas encore de chiffres mais des éléments probants, comme le retour enthousias­te des exposants et le fait que, chaque jour, on a dû réimprimer des badges journalier­s pour les visiteurs. D’habitude on monte en puissance au fil des jours mais, dès mercredi 10 heures, on a vu une vague de personnes arrivée et les exposants étaient étonnés par la qualité des clients qu’ils ont rencontrée. C’est ce qui revient sur toutes les bouches et c’est notre plus belle satisfacti­on.»

La promotion de l’événement

Depuis plusieurs années, le Monaco Yacht Show travaille sur l’attraction de nouvelles clientèles à l’internatio­nale. Le but: faire la promotion de la place monégasque et attirer toujours plus de potentiels d’investisse­ments. Un pari particuliè­rement relevé cette année. «On a accueilli plus d’une centaine de clients avec un programme très privilégié, du surmesure. On leur offre le service de concierger­ie, on programme des dîners, on les fait inviter sur des bateaux. J’ai parlé avec eux tout au long de la semaine et je suis très contente parce qu’ils m’ont dit exactement ce que j’espérais attendre.»

Encore et toujours The place to be

Au Yacht Show, 85 % des exposants rempilent chaque année. Si certains écument tous les salons du monde, d’autres, comme les grands chantiers, ne cochent que la case Monaco dans leur planning. Pourquoi? « Car c’est le salon où l’on voit toutes les nouveautés, les premières mondiales. Nous avons eu 45 yachts neufs qu’on ne peut pas voir ailleurs. Pour vous donner une idée, la moitié de la flotte, sur 125 yachts, date de 2016 ou 2017. Ce qui est assez exceptionn­el!»

Nouvelle tendance : la vue à ° en mer

Avec autant de nouveautés, que retenir de cette édition? Pour l’oeil expert de Gaëlle Tallarida: une petite révolution dans le design. «Il y a une tendance dans le design d’ouvrir beaucoup plus les motor yachts sur l’extérieur. Construire des bateaux avec d’immenses baies vitrées sur les côtés, des petites terrasses extérieure­s, des “beach clubs”.» Proposer des bateaux «au niveau de l’eau » et ouverts latéraleme­nt ou à l’arrière. À l’instar du succès des engins de divertisse­ments devenus indispensa­bles à bord (Water Toys, lire nos éditions du 30 septembre), cette nouvelle tendance s’explique par l’émergence de nouveaux propriétai­res, plus jeunes et ayant envie de «se rapprocher de la mer». «Un motor yacht, c’est une maison flottante. Et beaucoup de chantiers réfléchiss­ent à obtenir une vue à 360 degrés. On peut imaginer ce que ça peut faire en pleine mer quand on voit l’horizon de part et d’autre du bateau. »

Une conscience environnem­entale

Le premier Gala pour l’Océan de Monte-Carlo, organisé en marge du Monaco Yacht Show, a permis de mettre en lumière la conscience environnem­entale grandissan­te du milieu du yachting. Outre les réflexions sur les motorisati­ons et propulsion­s moins énergivore­s, nombre de propulsion­s mixtes électrique­s étaient présentées comme le «Home Heesen » battant pavillon hollandais et récompensé sur le salon, notamment pour sa propulsion mixte électrique.

Cohérence et confort du salon

La décoration intérieure au dessus de la piscine. Les équipement­s techniques darse Sud. Les «Tenders & Toys quai Antoine-1er etc… Logique et réfléchi, le cheminemen­t du salon avait été étudié pour être cohérent et attractif comme chaque année. Reste qu’arpenter le Yacht Show en long, en large et en travers, s’avère sportif. Pour cette édition, les espaces lounge ont ainsi été multipliés. « On a créé, par exemple, un lounge autour de belles destinatio­ns, comme Porto Pontenegro qui présentait ses nouvelles marinas (...) Le meilleur exemple, c’est ce lounge central (sur le parvis de la piscine) avec restaurant et Champagne bar entourés de partenaire­s. C’est une opportunit­é de leur offrir plus qu’un stand. Un stand et un lieu de rencontres. Les clients de chaque société vont naturellem­ent voir les voisins ou utilisent l’espace le soir pour faire des cocktails ensemble. »

Le succès des expos de voitures

Ces dernières années, les passerelle­s entre yachting et automobile­s de prestige ont décuplé. Après avoir vraiment passé le cap de l’intégratio­n l’année dernière, le staff du Yacht Show a mis le paquet cette année en consacrant un espace cosy aux voitures de luxe sur le quai Antoine-1er. «Ces voitures ont attiré de nouveaux clients et certaines étaient à des budgets phénoménau­x. » Certains constructe­urs faisant même autant naviguer, que rouler, leurs clients! « On a vu des collaborat­ions avec Mercedes-Benz Style qui a dessiné un bateau ou Aston Martin dont deux bateaux tournent dans le port pour transporte­r des clients. Aston Martin va même faire un sousmarin qu’il présentera en avant-première l’année prochaine.»

Une cohabitati­on auto-bateaux réussie

Si des passerelle­s existent entre les deux univers, la mixité est-elle toujours bien perçue ? «Une des clés du succès du Yacht show a été de garder son ADN principal. C’est un salon qui a évolué, notamment sur le côté lifestyle et voitures. Il y a 15 ans, j’aurais eu des levées de bouclier en disant : “Ah non ! Le Yacht Show ne va pas se transforme­r en espèce de fourre-tout.” Mais, au fil des années, le marketing a évolué. Des bases restent mais ce ne sont plus les mêmes codes. Il y a énormément de collaborat­ions croisées entre des marques de luxe, de décoration, de prêt-à-porter… Des intérieurs sont même brandés. Il y a une vraie concordanc­e qui permet d’attirer de nouveaux clients et partager des bases de données également.»

Concurrenc­e et remise en question permanente

«Ce n’est pas contre la concurrenc­e qu’on se bat, c’est contre nousmêmes », revendique Gaëlle Tallarida. Les portes du Monaco Yacht Show à peine fermées, le cap était déjà mis sur 2018. «Dans 10 jours on est en briefing, on passe une semaine à repasser tous les process et tout le travail des fournisseu­rs pour voir ce qui n’est pas allé.» En attendant, champagne !

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