Monaco-Matin

Maurice Chevalier aide les réfugiés pendant la guerre -

- NELLY NUSSBAUM

Né le 12 septembre 1888 à Ménilmonta­nt, quartier populaire parisien, Maurice Chevalier, chanteur, fantaisist­e et star de cinéma, incarne le Français élégant, charmeur et gouailleur. Il doit son allure de dandy à son éternel smoking, son canotier, son noeud papillon et sa canne. Toute sa vie est marquée par sa générosité, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, dès 1940, retiré dans sa résidence de Cannes-laBocca, avec sa compagne d’origine juive Nita Raya, il va ouvrir sa maison aux réfugiés qu’ils soient juifs, écrivains, artistes anonymes ou célèbres comme Mireille (Petit Conservato­ire de la Chanson), les acteurs Jean Wall et JeanPierre Aumont ou encore Philippe Erlanger, futur créateur du Festival de Cannes. Il va aussi participer à des galas un peu partout en France pour récolter des fonds en faveur des réfugiés. Ce qui lui vaudra d’être accusé à tort d’avoir chanté pour l’occupant lors de la Libération. Une accusation qui l’a énormément affecté.

Il chante pour les aveugles et les pauvres

À Cannes, pour nourrir ses hôtes et palier aux restrictio­ns, il transforme son jardin en potager et les dépendance­s de sa maison en mini-ferme avec poulets, lapins et même une vache. Mais ce grand coeur n’étonne personne. En effet, avant même son installati­on à Cannes, il donnait des galas de bienfaisan­ce au Palm Beach pour les déshérités. Notamment, la soirée mémorable du 12 septembre 1929 qui est relatée dans la revue, aujourd’hui disparue, La saison de Cannes : « Chevalier chantait pour les aveugles et les pauvres. Salle chatoyante, décolletés bronzés… On arborait le canotier, on se disputait le programme signé Jean-Gabriel Domergue.1» Un gala devant 1200 spectateur­s, qui s’est traduit par une recette royale destinée à la bonne cause. En fait, Maurice Chevalier avait découvert Cannes deux ans plus tôt lors d’une tournée dans la région. Tombé amoureux de la ville et son littoral, il souhaite venir s’y reposer régulièrem­ent. Il achète donc un vieux mas sur un terrain de quatre hectares situé à Cannes-laBocca, quartier des Puits. Il fait appel à l’architecte cannois François Arluc pour se faire construire une résidence de style provençal, qu’il baptise « La Louque », du surnom de sa mère adorée. Maurice Chevalier aimait les parties de pêche dans le petit port attenant à la jetée du Palm Beach. Il dégustait des bouillabai­sses et faisait de longues balades sur la Croisette. Il quitte Cannes en 1952, n’y faisant plus que quelques incursions. Il fait de sa propriété un lieu repos pour des artistes âgés dans le besoin. Elle prend le nom de Village Chevalier. Détruit par un incendie en 1999, le site est aujourd’hui une résidence d’été. Le fantaisist­e est mort le 1er janvier 1972 à Paris, laissant derrière lui quelques célèbres chansons telles Ma Pomme, Prosper Yop la boum ou encore Dans la vie, faut pas s’en faire. Fait chevalier de la Légion d’honneur, une rue porte son nom à Cannes. 1. Peintre ( 1889-1962) Sources : Ouvrages Demeures Anciennes et Beaux Jardins, Archives municipale­s de Cannes ; Si la Bocca m’était contée par Pierre Guiglaris Éditions Serres 1990.

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 ?? (livre «Maurice Chevalier» par François Vals, éditions Didier Carpentier, ) ?? Son canotier aura été son image de marque toute sa vie, au même titre que sa canne et son légendaire sourire.
(livre «Maurice Chevalier» par François Vals, éditions Didier Carpentier, ) Son canotier aura été son image de marque toute sa vie, au même titre que sa canne et son légendaire sourire.

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