Monaco-Matin

Comment l’arrière-pays va de l’avant

Souvent considérés comme de simples cités dortoir, ces villages reculés ont pourtant des atouts à mettre en avant, que ce soit au niveau du tourisme, de l’agricultur­e, de la culture et de l’environnem­ent...

- Dossier : Sophie CASALS scasals@nicematin.fr AURORE MALVAL amalval@nicematin.fr et GUILLAUME AUBERTIN gaubertin@nicematin.fr Photos : S.C et F. C.

Dans un départemen­t où l’attractivi­té est aujourd’hui principale­ment portée par la bande littorale qui concentre 90 % de la population, les vallées du moyen et du haut pays doivent se battre sur tous les fronts: désertific­ation commercial­e et médicale, fermetures de classe, vieillisse­ment accéléré de la population...

Emploi et richesse

La croissance démographi­que y a pourtant été forte entre 1999 et 2013, +1,5 % contre 0,7 % en moyenne en région Paca selon l’Insee. La raison ? Principale­ment la pression foncière en bord de mer, qui a poussé une partie de la population à chercher « plus haut » des loyers moins élevés, quand d’autres rêvaient d’un retour à la terre et la nature. L’arrière-pays azuréen estil pour autant un ensemble homogène exposé aux mêmes difficulté­s ? L’Insee répond non, expliquant qu’il n’existe pas « un » arrièrepay­s et qu’on distingue au moins deux situations radicaleme­nt différente­s : d’un côté « des villages dotés d’une station de ski, au taux d’emploi élevé et au taux de chômage presque deux fois inférieur à la moyenne régionale » – même si les salaires liés à l’activité touristiqu­e sont souvent plus faibles et les emplois plus précaires. Et de l’autre, des « communes enclavées, dont les habitants sont plutôt défavorisé­s en termes de qualité de vie ». La population y est en moyenne assez âgée, et ses revenus sont plus faibles. La part de jeunes non insérés est élevée. Par ailleurs, les actifs en emploi sont souvent très éloignés de leur travail et les temps d’accès aux services sont les plus élevés de la région. Ainsi dans le bassin de vie de Puget-Thénier, la durée moyenne d’accès aux équipement­s censés être «de proximité » (écoles, épiceries, médecins...) est supérieure à 18 minutes.

« La campagnega­lère »

C’est ce que le géographe Laurent Chalard appelle la « campagne-galère », selon que l’espace périurbain est « choisi » ou au contraire « subi » . Celui-là est « loin de la ville-centre et du lieu de travail, souvent sans transport en commun ». Une cartograph­ie qu’il relie à celle du vote Front National. De fait, le FN a fait un carton dans l’arrière-pays azuréen et varois à la présidenti­elle. Et dans de nombreux villages, le candidat placé en seconde position était celui présenté par le Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Le géographe explique que cet électorat est majoritair­ement composé d’employés et d’ouvriers qualifiés, souvent peu diplômés. Une classe moyenne qui recherchai­t, elle aussi sa « maison à la campagne ». Sauf que le lieu d’habitat est limité par le coût et que ces ménages se sont souvent lourdement endettés. Que les trajets en voiture – il y en a souvent deux dans la famille – coûtent cher. Le rêve périurbain a fini par «se transforme­r en cauchemar ». L’enjeu est aujourd’hui d’éviter que ces villages ne se transforme­nt tout à fait en cités dortoir. Pour Alexandre Gauthier, directeur adjoint de l’Insee Paca, « c’est effectivem­ent le rôle des collectivi­tés qui détiennent la compétence économique. C’est à elles d’avoir dans leur stratégie une vue sur les territoire­s ruraux qui les entourent, en mettant en place les conditions du développem­ent tout en veillant à l’égalité des territoire­s. »

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(Photo Franz Chavaroche) La croissance démographi­que a été plus forte dans l’arrière-pays que sur le littoral entre  et 
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