Comment l’arrière-pays va de l’avant
Souvent considérés comme de simples cités dortoir, ces villages reculés ont pourtant des atouts à mettre en avant, que ce soit au niveau du tourisme, de l’agriculture, de la culture et de l’environnement...
Dans un département où l’attractivité est aujourd’hui principalement portée par la bande littorale qui concentre 90 % de la population, les vallées du moyen et du haut pays doivent se battre sur tous les fronts: désertification commerciale et médicale, fermetures de classe, vieillissement accéléré de la population...
Emploi et richesse
La croissance démographique y a pourtant été forte entre 1999 et 2013, +1,5 % contre 0,7 % en moyenne en région Paca selon l’Insee. La raison ? Principalement la pression foncière en bord de mer, qui a poussé une partie de la population à chercher « plus haut » des loyers moins élevés, quand d’autres rêvaient d’un retour à la terre et la nature. L’arrière-pays azuréen estil pour autant un ensemble homogène exposé aux mêmes difficultés ? L’Insee répond non, expliquant qu’il n’existe pas « un » arrièrepays et qu’on distingue au moins deux situations radicalement différentes : d’un côté « des villages dotés d’une station de ski, au taux d’emploi élevé et au taux de chômage presque deux fois inférieur à la moyenne régionale » – même si les salaires liés à l’activité touristique sont souvent plus faibles et les emplois plus précaires. Et de l’autre, des « communes enclavées, dont les habitants sont plutôt défavorisés en termes de qualité de vie ». La population y est en moyenne assez âgée, et ses revenus sont plus faibles. La part de jeunes non insérés est élevée. Par ailleurs, les actifs en emploi sont souvent très éloignés de leur travail et les temps d’accès aux services sont les plus élevés de la région. Ainsi dans le bassin de vie de Puget-Thénier, la durée moyenne d’accès aux équipements censés être «de proximité » (écoles, épiceries, médecins...) est supérieure à 18 minutes.
« La campagnegalère »
C’est ce que le géographe Laurent Chalard appelle la « campagne-galère », selon que l’espace périurbain est « choisi » ou au contraire « subi » . Celui-là est « loin de la ville-centre et du lieu de travail, souvent sans transport en commun ». Une cartographie qu’il relie à celle du vote Front National. De fait, le FN a fait un carton dans l’arrière-pays azuréen et varois à la présidentielle. Et dans de nombreux villages, le candidat placé en seconde position était celui présenté par le Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Le géographe explique que cet électorat est majoritairement composé d’employés et d’ouvriers qualifiés, souvent peu diplômés. Une classe moyenne qui recherchait, elle aussi sa « maison à la campagne ». Sauf que le lieu d’habitat est limité par le coût et que ces ménages se sont souvent lourdement endettés. Que les trajets en voiture – il y en a souvent deux dans la famille – coûtent cher. Le rêve périurbain a fini par «se transformer en cauchemar ». L’enjeu est aujourd’hui d’éviter que ces villages ne se transforment tout à fait en cités dortoir. Pour Alexandre Gauthier, directeur adjoint de l’Insee Paca, « c’est effectivement le rôle des collectivités qui détiennent la compétence économique. C’est à elles d’avoir dans leur stratégie une vue sur les territoires ruraux qui les entourent, en mettant en place les conditions du développement tout en veillant à l’égalité des territoires. »
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