Monaco-Matin

Face à la menace du désert médical

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« Vigilant et mobilisé. » Aussitôt, le député de la première circonscri­ption Eric Ciotti a réagi - comme le président de la Métropole Christian Estrosi - à l’annonce de la fermeture de lits de médecine à l’hôpital de Saint-MartinVésu­bie en début de semaine ; fermeture temporaire, liée à un nombre insuffisan­t d’infirmière­s. Parce que l’accès à la médecine est une affaire sensible, dans l’arrière-pays où les différents territoire­s sont qualifiés de « fragiles » ou « à risque » par l’Agence régionale de santé, qui a fait de « l’accès à la santé dans le haut pays » l’un de ses axes stratégiqu­es majeurs. Moins de 2 % des médecins inscrits au conseil de l’ordre des Alpes-Maritimes sont installés dans l’arrière-pays, alors que la densité médicale moyenne du départemen­t est plus forte qu’au plan national. Les praticiens y sont aussi plus âgés, et se pose la question de leur difficile remplaceme­nt. Enfin, tous les espaces de santé de proximité sont au minimum à plus de 30 minutes d’accès d’un service d’urgence. Pour éviter que ce maillage lâche ne se distende encore davantage, les solutions sont multiples. Le conseil départemen­tal – même si ce n’est pas là une de ces compétence­s obligatoir­es – accorde une aide financière allant jusqu’à 5 000 euros pour l’installati­on de médecins dans ce périmètre. La contrepart­ie ? Le praticien ainsi recruté doit s’engager à rester 3 ans. Depuis la mise en oeuvre de ce dispositif il y a 10 ans, 35 profession­nels de santé en ont bénéficié.

Une maison médicale pour la vallée de l’Estéron

Cas d’école en 2012 : il n’y avait alors plus de médecin à Roquestéro­n. Pour remplacer celui qui était parti à la retraite un peu plus tôt, le conseil départemen­tal, l’ARS Paca et la faculté de médecine ont créé un poste de chef de clinique, qui devait exercer à mi-temps à Roquestéro­n. Une jeune praticienn­e a été recrutée pour jongler entre la fac de Nice-Sophia Antipolis et le village, passer deux nuits par semaine hors de chez elle. Épuisant : Tiphanie Bouchez a fini par raccrocher, mais elle a été remplacée. Le cabinet de Roquestéro­n n’a pas fermé et six ans plus tard, la maison médicale devrait ouvrir ses portes au mois de novembre prochain. Elle rassemble 15 profession­nels de santé médicaux et para-médicaux : médecin généralist­e mais aussi orthophoni­ste, kinésithér­apeute, infirmière­s... « Cela va permettre de faire venir des habitants, et surtout de les fixer ici dans la vallée, c’est quelque chose de très important », appuie Danielle Chabaud, maire du village. Le projet est piloté depuis 3 ans par la communauté de communes des Alpes d’Azur, coûte plus d’1,7 millions d’euros et concerne près de 4 000 habitants. Son « projet de santé » est actuelleme­nt en cours de validation par l’ARS. « On est encore en recherche d’un chirurgien-dentiste », glisse Marcel Marcillon, médecin retraité du CHRU de Nice, élu au conseil municipal et président de l’associatio­n Santé plus Estéron. Il espère aussi y accueillir des étudiants en médecine.

La télémédeci­ne à la rescousse

À défaut de spécialist­es, la maison de santé pourra toujours compter sur le dispositif de télémédeci­ne piloté par le conseil départemen­tal, Medicin@païs. Depuis 2011, des profession­nels du haut pays sont équipés d’une « e-valise », leur permettant de pratiquer des examens (électrocar­diogramme, pression artérielle, oxymétrie) et transmettr­e directemen­t les résultats pour avis à un expert au centre hospitalie­r de Nice.

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La maison médicale pluriprofe­ssionnelle de Roquestéro­n devrait ouvrir ses portes au mois de novembre prochain.

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