Qui a doublé
puisqu’il habite dans la commune. Fruits et légumes frais, fromages du pays, miel de la Vésubie, le commerçant joue la carte locale. « Je descends tous les jours à Nice pour m’approvisionner en produits frais, et je propose aussi des livraisons à domicile. » Bref, il ne compte pas les kilomètres. Enfin si justement: « plus de 600 km chaque semaine. » Un record battu par Jérémy, 30 ans, l’infirmier de Lantosque. « Je fais 200 à 300 km par jour. Nous sommes deux, mais nous serons bientôt trois pour répondre aux besoins, » note-t-il avant de poursuivre sa tournée. Il passe devant la boulangerie de Manon. Le docteur Jean-Marie Vinot et son assistante Marie-Pierre sont arrivés en août. la boucherie le Lantosquois nous lance: « c’est la meilleure viande de la vallée ici ! » Jeune et enraciné dans son village, Florent, « Flo » pour les habitués, a lui aussi fait le pari de travailler dans le haut pays. Il est parti... pour mieux revenir. Après un bac+3 en notariat, et une expérience dans une étude à Nice, il a changé de cap. À 22 ans, il a pris la suite d’Andrée, plus connue au village sous le nom de « Dedoune ». Il est passé derrière le zinc du Bar des Tilleuls, pour donner du sens à sa vie. «Être dans un bureau toute la journée, avec la pression, ce n’était pas fait pour moi. J’aime le contact. Alors, avec ma copine, toujours étudiante on a repris le commerce. » Il sourit. « Le village bouge, la place va être refaite, et avec le Vésubia Mountain Park de Saint-Martin-Vésubie, Berthemont les bains, il y a un vrai potentiel. » Il cite aussi l’attractivité de la via ferrata de Lantosque. Cet équipement draine de nombreux sportifs qui consomment dans les bars et restaurants du village. Une affluence que Florent a pu mesurer cet été. Pour sa première saison, il a fait le plein. « C’était la folie, la terrasse ne désemplissait pas, et les gens attendaient même une table, assis sur les bancs, sous les tilleuls. » Dans le hameau du Suquet, à quelques kilomètres en aval du village, Catherine, patronne du « Bon puits », profite elle aussi de la manne touristique. Elle a su capter à sa table les groupes de vacanciers et azuréens qui pratiquent canyoning ou randonnée aquatique dans la Vésubie. « Nous avons une antenne du bureau des guides de Saint-Martin-Vésubie, juste à côté de notre restaurant. Et quand ils reviennent de deux heures de sport, ils ont bon appétit. » Et ne font qu’une bouchée de ses raviolis-daube! C’est au mois d’août, en pleine effervescence touristique, que le docteur Jean-Marie Vinot a ouvert son cabinet médical, juste au-dessus de l’école. La commune a favorisé son installation, en s’acquittant du loyer. « Nous sommes ravis d’avoir trouvé ce médecin, il a une belle expérience. Nous n’en avions plus depuis deux ans, et c’est un facteur d’attractivité important pour un village. » À peine le maire a-t-il franchi le seuil du cabinet médical que le docteur s’enquiert de sa santé. « Les yeux me brûlent moins, je crois qu’ils sont moins rouges aussi. » Le médecin lui recommande de consulter un spécialiste si, dans les 24 h, tout n’est pas rentré dans l’ordre, avant de nous confier les raisons qui l’ont conduit jusque dans le Haut pays. « Quand je suis parti de mon ancien travail hospitalier, on m’a dit: il faut faire quelque chose de sa vie. Et, en tant que médecin de village, on apporte modestement, sa contribution au mieux-être des habitants. C’est beaucoup de travail, il faut être très disponible. Mais c’est aussi une grande satisfaction de pouvoir rentrer chez soi en se disant qu’on a été utile. » De sa fenêtre entrouverte, on entend les cris des enfants dans la cour de récréation. C’est l’heure de la pause déjeuner. Jean-Marie Vinot, descend chez Paolo. Le restaurateur italien est en plein coup de feu. Motards allemands, ouvriers, habitants ont pris d’assaut sa terrasse. À l’intérieur, l’ancien boucher fête son anniversaire avec ses amis. À Lantosque, la vita e bella!
On a tout pour réussir, le village revit”