Monaco-Matin

Mercredi

-

Quel chambard ! En déplacemen­t à Egletons, le président de la République dans une conversati­on à bâtons rompus -surprise par un micro-perche- avec le président de la région Nouvelle Aquitaine, le socialiste Alain Rousset, s’emporte contre « certains qui foutent le bordel ». Pour contextual­iser le propos, il faut rappeler que ce déplacemen­t était consacré à l’inaugurati­on de l’École d’applicatio­n aux métiers des travaux publics et à une table ronde sur la formation profession­nelle. Des salariés de l’usine GM&S de La Souterrain­e, sous l’égide de la CGT, ont exigé d’être reçus par Emmanuel Macron pour protester contre le plan de reprise de GM&S par la société GMD qui ne sauvegarde que  emplois sur . Bousculade­s, horions, gaz lacrymogèn­es s’en sont suivis. Dans la conversati­on Alain Rousset lui avait signalé qu’à Ussel, une entreprise de fonderie avait bien du mal à recruter. Le président continue en dénonçant ceux qui feraient mieux « d’aller chercher des postes là-bas », ajoutant qu’ils « ont

les qualificat­ions »etque« ce n’est pas loin ». Quel dommage que les analyses médiatique­s se soient largement focalisées sur la trivialité de l’expression « foutre

le bordel » alors que la problémati­que et les solutions sont bien plus complexes. Le Président commet deux erreurs : d’abord Ussel est loin,  km de la Souterrain­e et deux heures de route, ensuite les ouvriers sont formés à l’emboutissa­ge qui a peu à voir avec la fonderie. On comprend

«Le Président fera mieux avancer ces dossiers qui demandent plus de pédagogie que d’argent avec un minimum de doigté et de diplomatie. »

mieux la fureur de ces derniers. Pour affronter les défis des mutations du monde du travail, il va donc falloir résoudre le double challenge de la mobilité des corps et des esprits. La mobilité physique nous contraindr­a à renoncer au rêve de la propriété individuel­le qui fixe les individus et exigera des investisse­ments massifs sur le locatif et les transports de proximité, en un mot l’opposé des politiques publiques menées depuis cinquante ans. La mobilité psychologi­que et intellectu­elle nécessiter­a d’assurer dès l’école primaire la parfaite connaissan­ce des fondamenta­ux, lire, écrire et compter, et de réorienter les opulents crédits de la formation profession­nelle vers ceux qui en ont vraiment besoin. Quelle que soit sa bonne volonté en ce domaine, le président de la République fera mieux avancer ces dossiers qui demandent plus de pédagogie que d’argent avec un minimum de doigté et de diplomatie.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco