Graines d’un monde meilleur à Beausoleil
La ville a accueilli cette semaine la première bourse d’échange de graines. Un lieu pour échanger des semences et faire germer un autre mode de vie
Dans le hall du Centre, les tables ont été habillées de toile de jute. Des petits sachets contenant des graines sont soigneusement rangés dans des boîtes et identifiés au stylo: épinard géant d’hiver, haricot nain langue de feu, courge de Nice, haricot gialet. Des panneaux d’exposition habillent le lieu avec des planches explicatives sur les plantes, et sur Vandana Shiva, la scientifique indienne activiste qui a créé une banque de semences pour libérer les paysans indiens du joug des industries semencières. Le ton est donné, cette première bourse aux graines et semences de Beausoleil, organisée par l’atelier d’ethnobotanique de l’Université dans la ville, est un événement militant.
Donner des graines, échanger des idées
Aux manettes, Brigitte Hourtic qui anime l’atelier d’ethnobotanique. « L’idée de cet événement, c’est de promouvoir l’atelier d’ethnobotanique, et de créer un moment d’échange avec les gens », explique-t-elle. Échanger des idées, au-delà des graines. « Dans ce monde où tout se commercialise, nous voulons organiser un moment où on n’achète pas. Les gens peuvent nous amener des graines s’ils le souhaitent, sinon, ils peuvent se servir quand même. » Les jardiniers amateurs ont bien noté le rendez-vous puisque toute la matinée, le hall du Centre a bourdonné. Et dans les conversations, on sent la défiance envers la société de consommation. Une dame met en garde contre les graines de soja, plusieurs personnes se renseignent sur la permaculture : « J’ai entendu parler de ce monsieur qui fait pousser des tomates sans les arroser. C’est vraiment incroyable. »
Courge, melon…
La permaculture, c’est ce mode de culture qui utilise les règles de la nature, sans le moindre apport de produits extérieurs. On reconstitue un écosystème ultradense, où chaque plante a son utilité, où chaque végétal
file un coup de pouce à l’autre. C’est exactement la méthode qu’utilise Jessica Sbaraglia, de Terre de Monaco, qui a rendu une petite visite à la bourse: «Je trouve l’idée très intéressante. J’ai apporté des graines de courge butternut et de melon canari. J’ai hâte de voir ce qu’il y a sur les tables. » Des salariées qui travaillent à côté ont profité de la pause déjeuner pour faire un saut : « On a pris des graines
pour mettre dans les jardinières du bureau. On n’a pas de jardin, mais ça doit pousser dans les jardinières ! » Pour la première édition, on tâtonne encore un peu. La plupart des semences disponibles ici se sèmeront à partir du mois de mars. Alors cette fois, c’était un peu une répétition. « Nous espérons organiser une autre bourse d’échange au printemps. »