Monaco-Matin

Graines d’un monde meilleur à Beausoleil

La ville a accueilli cette semaine la première bourse d’échange de graines. Un lieu pour échanger des semences et faire germer un autre mode de vie

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Dans le hall du Centre, les tables ont été habillées de toile de jute. Des petits sachets contenant des graines sont soigneusem­ent rangés dans des boîtes et identifiés au stylo: épinard géant d’hiver, haricot nain langue de feu, courge de Nice, haricot gialet. Des panneaux d’exposition habillent le lieu avec des planches explicativ­es sur les plantes, et sur Vandana Shiva, la scientifiq­ue indienne activiste qui a créé une banque de semences pour libérer les paysans indiens du joug des industries semencière­s. Le ton est donné, cette première bourse aux graines et semences de Beausoleil, organisée par l’atelier d’ethnobotan­ique de l’Université dans la ville, est un événement militant.

Donner des graines, échanger des idées

Aux manettes, Brigitte Hourtic qui anime l’atelier d’ethnobotan­ique. « L’idée de cet événement, c’est de promouvoir l’atelier d’ethnobotan­ique, et de créer un moment d’échange avec les gens », explique-t-elle. Échanger des idées, au-delà des graines. « Dans ce monde où tout se commercial­ise, nous voulons organiser un moment où on n’achète pas. Les gens peuvent nous amener des graines s’ils le souhaitent, sinon, ils peuvent se servir quand même. » Les jardiniers amateurs ont bien noté le rendez-vous puisque toute la matinée, le hall du Centre a bourdonné. Et dans les conversati­ons, on sent la défiance envers la société de consommati­on. Une dame met en garde contre les graines de soja, plusieurs personnes se renseignen­t sur la permacultu­re : « J’ai entendu parler de ce monsieur qui fait pousser des tomates sans les arroser. C’est vraiment incroyable. »

Courge, melon…

La permacultu­re, c’est ce mode de culture qui utilise les règles de la nature, sans le moindre apport de produits extérieurs. On reconstitu­e un écosystème ultradense, où chaque plante a son utilité, où chaque végétal

file un coup de pouce à l’autre. C’est exactement la méthode qu’utilise Jessica Sbaraglia, de Terre de Monaco, qui a rendu une petite visite à la bourse: «Je trouve l’idée très intéressan­te. J’ai apporté des graines de courge butternut et de melon canari. J’ai hâte de voir ce qu’il y a sur les tables. » Des salariées qui travaillen­t à côté ont profité de la pause déjeuner pour faire un saut : « On a pris des graines

pour mettre dans les jardinière­s du bureau. On n’a pas de jardin, mais ça doit pousser dans les jardinière­s ! » Pour la première édition, on tâtonne encore un peu. La plupart des semences disponible­s ici se sèmeront à partir du mois de mars. Alors cette fois, c’était un peu une répétition. « Nous espérons organiser une autre bourse d’échange au printemps. »

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(Photos L.M.) Ça n’a l’air de rien, mais des milliers de graines étaient disponible­s au Centre.
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Certains s’étaient bien préparés et sont venus avec leurs graines.

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