Monaco-Matin

La grande explicatio­n de Macron

Pour son premier grand entretien télévisé, le président de la République a joué les pédagogues hier soir sur les réformes engagées et assumé un style qui lui est souvent reproché

- CHRISTIAN HUAULT chuault@nicematin.fr

Pas de round d’observatio­n, hier soir, sur TF1 et LCI pour la première grande interview télévisée du quinquenna­t Macron. Face aux questions de ses trois (paisibles) interviewe­urs d’un soir – Anne-Claire Coudray, Gilles Bouleau et David Pujadas – Emmanuel Macron, depuis son bureau, relooké et modernisé, de l’Élysée a pris sans esquive le taureau de ses réformes par les cornes pour les disséquer à l’envi. Mais il ne pouvait, avant que de jouer avec force persuasion les pédagogues, s’épargner une explicatio­n de texte sur le style qu’il donne à sa présidence… et le vocabulair­e parfois direct qu’il emploie. Interrogé sur ce que d’aucuns considèren­t être mépris et arrogance lors de multiples dérapages verbaux, le Président estime, lui, que « les mots de cyniques et de fainéants sont du registre du langage soutenu. » De même que le mot « bordel » utilisé chez GSM pour qualifier l’attitude de certains salariés est si l’on en croit la parole présidenti­elle « une expression populaire, comme le dit d’ailleurs l’Académie française ». Passée cette question de sémantique, Emmanuel Macron pouvait assumer son style – « Je n’ai jamais cherché à humilier quiconque, mais je continuera­i à m’emporter et à dire ce que je pense» –; se dédouaner des accusation­s d’hyperprési­dence et se féliciter de ses bonnes relations avec son Premier ministre : « Il a ma pleine confiance ». Le plus dur restait à venir: convaincre les Français de l’utilité des réformes en cours et à venir et de la méthode employée. Se gardant bien de promettre une hasardeuse inversion de la courbe du chômage, il a prudemment indiqué attendre le fruit de ses réformes « d’ici un an et demi, deux ans ». Et pour le président, la meilleure recette anti-chômage est la formation sous toutes ses formes. Avec une prime à l’apprentiss­age qu’il veut développer, «il faut en finir avec les tabous et donner un vrai statut à l’apprenti », et une formation accrue des chômeurs, tout en accentuant les contrôles. Refusant l’étiquette de président des riches, Emmanuel Macron a renvoyé dos à dos « le cynisme de certains qui réussissen­t » et la jalousie de ceux qui «jettent des cailloux aux premiers de cordée ». Persuadé du bien fondé de sa réforme de l’ISF, il attend de ceux qui n’y seront plus assujettis « qu’ils investisse­nt en masse dans l’économie française ». Sur l’augmentati­on de la CSG sur les petites retraites, le Président a promis « que grâce à la suppressio­n de la taxe d’habitation, les retraités concernés regagnerai­ent du pouvoir d’achat». Il en appelle aussi en matière de logement à une «concorde nationale» pour en baisser le coût. Enfin, en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron a dit vouloir être « intraitabl­e » et promis à l’avenir d’expulser tout ressortiss­ant étranger en situation irrégulièr­e « au premier acte délictueux ».

Je continuera­i à dire ce que je pense ”

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(Photo MaxPPP) Emmanuel Macron a martelé hier soir à la télévision «sa volonté profonde de transforme­r le pays».

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