Monaco-Matin

Mandat d’arrêt délivré pour un « Arsène Lupin»

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Une vaste affaire d’escroqueri­e a été évoquée devant le tribunal correction­nel. Elle a pour acteur principal un quinquagén­aire italien résidant en Belgique. La justice lui reproche d’avoir émis, entre octobre 2013 et mai 2015, treize chèques en bois pour un montant total de 159 168,48 euros. Il a également détourné pour plus de 143 000 euros grâce à un prêt de bijoux laissé en gage au Montde-Piété. Absent à l’audience, le prévenu a été condamné à un an de prison ferme avec mandat d’arrêt. Il devrait également verser 101 500 euros de dommages et intérêts aux parties civiles. D’emblée, le président Florestan Bellinzona détaille le CV pas très flatteur du personnage. «Ce Monsieur avait une société à Monaco. Dès l’année 2013 apparaisse­nt des difficulté­s financière­s. Mais il continue de signer des contrats. Pour pallier sa trésorerie défaillant­e, ce patron fait des chèques sans provision. D’autre part, il obtient le prêt de bijoux pour une soirée qu’il ne rendra jamais. Et pour cause : il les placera dans un établissem­ent de prêt sur gage tout en récupérant la valeur monétaire. Au total, c’est plus de 300 000 euros qui seront obtenus frauduleus­ement… »

« Il se joue des gens»

Évidemment, les créanciers reviendron­t souvent à la charge.

Pour les faire patienter, il leur fait miroiter l’attente de rentrées d’argent… Jusqu’au jour où sa société ferme et l’individu partira sans faire la moindre démarche. Un rapide coup d’oeil sur son passé judiciaire démontre plusieurs condamnati­ons. En Italie : pour extorsion en réunion et banquerout­e. En Belgique : pour faux en écriture, fausse dénonciati­on

et une quinzaine d’amendes pour infraction au Code de la route. Enfin, à Monaco pour cette affaire, déjà jugée le 24 novembre 2015 et dont le prévenu avait opposition le 22 mars 2016. Les parties civiles sont très remontées contre ce personnage qu’elles qualifient « d’Arsène Lupin internatio­nal » et réclament

leur dû respectif. À l’instar de Me Arnaud Zabaldano : « Cet individu se joue des gens et risque de mettre tout ce monde de bonne foi sur le tapis. Il jongle également avec les territoire­s et les décisions judiciaire­s en profitant de son apparence fiable. En grande partie, il va dépenser l’argent dans les établissem­ents monégasque­s avec sa maîtresse. J’ai espoir que vous le condamnere­z avec une addition qu’il va falloir payer… Sans grande illusion, certes… »

« Une délinquanc­e financière astucieuse»

Plus de trois ans après, le procureur Alexia Brianti revient sur les faits avec cinq victimes. «Aujourd’hui, acculé de dettes, le prévenu s’est enfui en Angleterre. Mais on ne l’a pas localisé. Il reconnaît des dépenses somptuaire­s pour son épouse et sa maîtresse en se servant d’un compte qui n’est plus approvisio­nné depuis 2013. Ces casiers sont le reflet d’une délinquanc­e financière astucieuse. Vous le condamnere­z à un an de prison ferme avec la délivrance d’un mandat d’arrêt…» La défense ne sera pas tendre avec son client. « La juridictio­n a compris qu’elle avait à faire à un escroc et un voyou qu’il faut dégager du système. Pourtant tout s’était bien passé en Principaut­é jusqu’au problème des chèques. Il pensait qu’à chaque rentrée d’argent il pouvait effacer une dette. C’est un problème commercial. Certes, ces sommes il doit les payer. Mais si vous le mettez en prison vous ne le verrez plus. Aidez-moi avec une peine assortie du sursis. C’est dans l’intérêt de tout le monde. » Le tribunal préféra suivre les réquisitio­ns du ministère public.

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(Archives NM) (Photo DR) Le prévenu avait emprunté des bijoux pour les monnayer chez un prêteur sur gage. Une poignée de billets et quelques empreintes ont eu raison de ces multirécid­ivistes.

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